Smash His Camera

"Why did I have this obsession with Jackie?"

N'y a-t-il pas, au moins en apparence, un paradoxe à célébrer un paparazzi ? Une façon, en quelque sorte, ironique d'inverser les rôles. Véritable plaie des acteurs du show-business et plus récemment du monde politique ou mal nécessaire d'une société toujours plus avide d'images, ces insatiables chasseurs de clichés non convenus (inconvenants ?) opèrent dans une zone de relatif flou artistique. Celle où liberté d'expression(1) et exposition sans retenue (déballage !) interfèrent, vies publique et privée frictionnent. S'il a le mérite de soulever ces problématiques en présentant des arguments (un peu déséquilibrés) à charge/décharge, le film de Leon Gast (reconnu depuis son "oscarisé" When We Were Kings) consacré à Ron Galella, l'un des pionniers du genre, et à son "œuvre" s'intéresse avant tout à ce singulier septuagénaire dont la passion pour son indépendante activité semble inaltérable.

Primé pour sa réalisation au Sundance Film Festival 2010, Smash His Camera fait évidemment de la fixation de Ron Galella pour Jackie Kennedy Onassis et du procès les ayant opposé en 1972 le cœur de son développement. La personnalité de l'ancien photographe militaire pendant la Guerre de Corée, ses méthodes "éprouvées" pour obtenir des images uniques, les risques incidents largement évoqués et illustrés apportent néanmoins à ce documentaire une consistance comparable (mais bien sûr différente) à celle de Reporters de Raymond Depardon ou du téléfilm Richard Avedon: Darkness and Light(2) d'Helen Whitney.

Le film a la bonne idée de rappeler, en images(3), l'origine du terme "paparazzi" ainsi que de montrer l'actuelle excessive profusion de chasseurs d'instantanées qui, d'une certaine façon, participe au galvaudage ou à la spécialisation de cette profession(4). En revanche, les aspects économiques et moraux sont occultés, comme d'ailleurs la possible manipulation des photographes par leurs cibles... ou leur éventuelle connivence. Leon Gast a lui visiblement succombé à la bonhommie victimisée de Ron Galella. Quant au statut d'artiste revendiqué par ce dernier, chacun a pu(5) ou pourra se forger sa propre opinion.

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1. protégé par le sacro-saint Premier Amendement à la Constitution des Etats-Unis d'Amérique.

2. de la série "American Masters".

3. Celles de La Dolce vita dont un personnage, un jeune photographe, porte le nom de Paparazzo. Mot suggéré, selon ses dires, par Giulietta Masina à son époux Fellini, composé à partir de "pappataci" (petits moustiques) et "ragazzi" (jeunes hommes).

4. laquelle a parfois la "vertu" de susciter des manifestations symptomatiques de traits de caractères détestables.

5. une exposition intitulée "Boxing with the Stars" s'est tenue à Paris jusqu'au 22 octobre dernier.