vendredi 4 novembre 2011

The Passionate Friends (les amants passionnés)


"Something takes years to understand that things."

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Catalogué spontanément dans le registre (déjà composite ?) "fiction scientifique" (scientific romance), anticipation et satire sociale, Herbert George Wells s'est pourtant aussi plusieurs fois essayé à l'exercice du drame sentimental. Pas trace de science (tout juste un soupçon de biologie) dans son roman publié en 1913, épisodique histoire d'un amour contrarié, sans doute en partie influencée par la vie dissipée du prolifique auteur, portée à l'écran une première fois en 1923 par Maurice Elvey. Produit par Ronald Neame(1), co-signé par Eric Ambler et Stanley Haynes (officieux associés sur Oliver Twist), The Passionate Friends réunissait pour cette unique occasion Claude Rains et son cadet Trevor Howard autour de la falote Ann Todd (récente partenaire de Gregory Peck dans l'hitchcockien The Paradine Case), sur le point de convoler en troisièmes noces avec David Lean.
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Mary s'envole pour des vacances en Suisse, les premières depuis très longtemps. Elle est accompagnée par Miss Joan Layton, la secrétaire particulière de son époux, le riche financier Howard Justin. Retenu à Londres pour ses affaires, ce dernier doit la rejoindre dans quelques jours. Les deux femmes s'installent à l'"Hôtel Splendide" situé au bord du lac bordé de montagnes. Retardé par une correspondance ratée à Bâle, Steven Stratton arrive à une heure avancée, accueilli par le portier de nuit. La chambre qui lui a été réservée jouxte celle de Mrs. Justin. Encore éveillée, celle-ci se remémore leurs retrouvailles, neuf ans plus tôt, au milieu de la foule animée venue fêter le nouvel an 1939. A l'issue du réveillon, Stratton avait présenté au couple Justin son amie Pat Moore. Emue par cette rencontre fortuite, Mary avait laissé les souvenirs l'envahir sur le trajet du retour en limousine. Les vifs sentiments qu'elle partageait avec l'étudiant en biologie mais son refus presque irrationnel de l'épouser. Pendant le déplacement professionnel de son mari à Berlin et à Rome, Mary avait accepté, avec une joie dissimulée, l'invitation à déjeuner chez lui proposée par Stratton au téléphone. Toujours amoureux l'un de l'autre, ils étaient alors redevenus amants.
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Après cinq premiers films d'une haute, voire très haute tenue cinématographique, la carrière de David Lean amorce avec The Passionate Friends un reflux relatif mais néanmoins sensible jusqu'à Summertime(2). En compétition lors du 3e Festival de Cannes, ce mélodrame raconté en grande partie en flash-back et incidemment en voix-off manque de cohésion narrative et, paradoxalement, de relief. Seule la dernière partie, de l'arrivée en Suisse(3) de Justin et sa méprise consécutive, relance l'intérêt d'un scénario(4) jusque-là plutôt fastidieux. Y compris lorsqu'il oppose sans véritable conviction l'impassible et pragmatique banquier international à son idéaliste et animé rival. La présence de Claude Rains pousse irrésistiblement à la comparaison avec l'excellent Notorious, sorti trois ans auparavant, dans lequel l'ancien professeur de Laurence Olivier(5) tenait un rôle un peu analogue. Un rapprochement qui s'exerce évidemment au détriment du drame de Lean ainsi qu'à celui de son actrice principale, Ann Todd, bien moins expressive et talentueuse qu'Ingrid Bergman. Pour Trevor Howard, l'année 1949 aura surtout été marquée par son second rôle dans The Third Man. Quant aux acteurs de soutien (parmi lesquels Betty Ann Davies et Isabel Dean dans son premier film), à défaut d'être invisibles, ils sont pour le moins passablement négligés.
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1. et initialement dirigé par l'ancien chef-opérateur.
2. Hobson's Choice pouvant, selon les opinions, constituer ou non l'exception qui confirme la règle. 3. en réalité, les extérieurs ont été tournés à Chamonix et autour du Lac d'Annecy.
4. le contraste opéré entre l'ascension téléphérique au sommets des massifs haut-savoyards et la descente, également mécanique, dans le métro londonien est aussi à porter à son crédit.
5. à la Royal Academy of Dramatic Arts de Londres.

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