jeudi 24 novembre 2011

L'Art de séduire


"Pour vous qui êtes psy ça doit être facile..."

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L'aboutissement d'un premier long métrage se révèle parfois plus compliqué que celui d'un sentiment amoureux. Huit ans, et plusieurs autres projets, séparent en effet L'Art de séduire de Facade, court en partie(1) à l'origine de ce nouveau scénario également co-signé par Erick Malabry. Avec cette plaisante comédie sentimentale, l'ancien assistant d'André Téchiné(2) ironise aimablement sur l'isolement (retranchement aquariophile ?) et la méprise relationnelle. Une main filmique plutôt gagnante, grâce en particulier à la double paire valets-dames emmenée par un Mathieu Demy visiblement à l'aise dans ce rôle décalé et contrasté. Une alternative singulière et bienvenue aux productions anglo-saxonnes du genre(3).
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Psychothérapeute, Jean-François Villaire reçoit une de ses patientes régulières. Après trois ans d'écoute et de soutien, Hélène pense avoir retrouvé un certain équilibre et, avec l'accord un peu flottant du praticien, décide de mettre un terme aux séances. Jean-François est en effet secrètement amoureux de la séduisante jeune divorcée et mère d'une fillette. Il feint peu après de la rencontrer par hasard à proximité de la boutique qu'elle tient. Après une brève et banale discussion à la terrasse d'un café, Hélène l'invite néanmoins à dîner chez elle le jeudi suivant. A l'occasion d'un rendez-vous avec Julien, un patient perturbé par son obsessive séduction auprès des femmes, Jean-François avoue son inexpérience, sa grande maladresse dans ce domaine et lui demande son aide urgente. L'homme l'incite à s'entrainer, acceptant de l'observer ainsi que de le conseiller dans ses multiples et peu efficaces manœuvres d'approche opérées dans les rues ou boutiques environnantes. Pour se remettre de ses décevantes émotions, Jean-François s'assied sur le pont d'une péniche-bistrot. Il offre l'inutile bouquet de roses, acheté pour tenter de draguer une fleuriste, à la jeune femme assise à la table voisine. Estelle engage la conversation, se déclare intéressée de voir les photos de poissons réalisées par 'JF'. La kiné et le psy évoquent la possibilité de se revoir et échangent leur numéro de téléphone.
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A une double histoire d'amour à sens unique (légèrement teintée d'affabulations plus pathétiques que réellement pathologiques) somme toute assez triviale, le sens des situations et des dialogues de Guy Mazarguil et Erick Malabry apporte une indéniable valeur ajoutée comico-dramatique. Le réalisateur réussit d'ailleurs à souligner cette dernière tonalité, sensiblement contrapuntique, en illustrant cette espèce d'incomprise détresse fantasmatico-poissonnière périodiquement ressentie par le personnage principal. L'autre atout essentiel de L'Art de séduire, c'est évidemment lex choix judicieux de casting. A commencer par celui de Mathieu Demy, lequel endosse avec beaucoup de naturel l'humanité fragile, cynique, distante, rêveuse de 'Jeff'. Dans un contre-emploi (probablement mythomaniaque) ou une bivalence vaguement assumée, Lionel Abelanski et Julie Gayet sont parfaits. Mais le rôle complémentaire, et sans doute le plus attachant, reste celui tenu par Valérie Donzelli, récente auteure d'un remarqué second long métrage.
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1. la grande solitude observée chez un psychologue consulté par Mazarguil a aussi motivé l'écriture de cette histoire originale.
2. sur Ma saison préférée après avoir été celui de Jean-Jacques Beineix ou de Didier Kaminka.
3. celles de Richard Curtis notamment. Le film constitue aussi une sorte de crédible contre-Arnacœur.

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