"... If you hurt people."
La notoriété de Millard Kaufman s'est surtout construite sur le pseudonyme prêté au blacklisté Dalton Trumbo pour Deadly Is the Female et sa participation au scénario de Bad Day at Black Rock, également produit par Dore Schary. Entre les deux, l'ancien US Marine décoré pour bravoure signe notamment ce Take the High Ground!, une des premières fictions du genre sorties peu après la fin de la guerre de Corée. Le successeur de Louis B. Mayer à la tête de la Metro-Goldwyn-Mayer en confie la direction à Richard Brooks(1), qui a débuté sa carrière de réalisateur trois ans plus tôt au sein du studio, réunissant une troisième fois Richard Widmark et Karl Malden (précédemment partenaires dans Kiss of Death et Halls of Montezuma du concurrent Fox).
Fort Bliss (Texas), mai 1953. Les sergents-instructeurs Thorne Ryan et Laverne Holt accueillent une nouvelle section de jeunes recrues qu'ils doivent former en seize semaines. Ryan, sérieux, rude et intransigeant, s'est illustré deux ans auparavant sur le front coréen en permettant la prise d'une hauteur. Ses quinze demandes de mutation adressées à l'état-major de l'infanterie et refusées par celui-ci accentue d'ailleurs son exaspération et son amertume. Holt le seconde avec davantage de conciliation et d'altruisme. L'espiègle et peu discipliné soldat Paul Jamison fait rapidement l'objet de réprimandes de la part des deux sous-officiers. Un soir de virée de l'autre côté de la frontière avec le Mexique, Ryan et Holt remarquent dans un bar une jeune femme déjà éméchée offrant les consommations à quatre de leurs conscrits. Ils la croisent à nouveau, un peu plus tard, dans un autre établissement où Ryan, après avoir suggéré à ses bleus de rentrer à la base, n'hésite pas à lui dire le mal qu'il pense d'elle et de ses semblables. Les deux hommes raccompagnent ensuite la très enivrée Julie Mollison à son domicile.
Edifice un peu élevé à la gloire de l'armée US(2), Take the High Ground! surprend en raison du grand écart atypique(3) effectué entre une franche tonalité de comédie (parfois presque musicale, ou tout du moins chorégraphiée) et ses quelques inflexions vers le mélodrame psychologique. La dualité narrative induite entre groupe et individualités d'une part, dévouement, sociabilité et apparente mais détestable misanthropie d'autre part proposée par ce scénario nommé aux 26e Academy Awards n'est toutefois pas inintéressante. Surtout lorsqu'elle se trouve incarnée par le solide trio d'acteurs de tête parmi lequel la troublante Elaine Stewart (aperçue dans The Bad and the Beautiful, co-vedette du récent Code Two). Mais aussi par la jeune classe, notamment le danseur-gymnaste Russ Tamblyn et Steve Forrest (le jeune frère de Dana Andrews).
___
1. contrairement à ses précédentes réalisations, Brooks ne co-signe pas le scénario de ce cinquième film pré-Blackboard Jungle.
2. "qui n'a pas commis une erreur - black mark - en 178 ans" (à 6'30 du métrage) ! Et plus particulièrement de l'infanterie à défaut d'avoir pu le consacrer à la marine.
3. auquel ne se livrent ni le futur et excellent Men in War d'Anthony Mann, ni les plus tardifs An Officer and a Gentleman, Heartbreak Ridge et Full Metal Jacket (première partie).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire