"¿Y si el universo se ha apagado?"
Le cinéma de genre ibérique (en particulier fantastic-horrifique) semble avoir trouvé, avec le nouveau siècle, une verve au moins comparable à son équivalent asiatique. A la lisière incertaine de ces catégories spécifiques, Los Ojos de Julia joue d'avantage dans le registre du thriller psychologico-criminel. Promu par Joaquín Padro, Guillermo del Toro et Mar Targarona, trois des parrains d'El Orfanato, le second long métrage de Guillem Morales ne se révèle peut-être pas aussi enthousiasmant que certains des désormais réputées productions nationales qui l'ont précédé, mais il fait montre de qualités susceptibles de lui attirer la prudente attention des amateurs. Ainsi que des admirateurs de la Madrilène Belén Rueda, l'interprète principale après avoir notamment été celle du film de Juan Antonio Bayona.
Accablée par une présence muette et apparemment invisible, Sara Levin fait mine de mettre fin à ses jours par pendaison dans la cave de sa maison. Après avoir renversé le tabouret sur lequel se tient la jeune femme aveugle, un homme la photographie au flash. Puis une coupure d'électricité plonge le lotissement dans l'obscurité de cette nuit orageuse. Au même moment, Julia est victime d'un malaise dans l'observatoire astronomique où elle travaille. Mue par un pressentiment, elle décide d'aller aussitôt chez sa sœur jumelle perdue de vue depuis six mois, accompagnée par son époux Isaac. Ce dernier découvre le cadavre de la présumée suicidée, thèse retenue par l'inspecteur Dimas mais que conteste Julia, souffrant également d'une dégénérescence oculaire progressive moins avancée mais accentuée par le stress, en raison d'éléments étranges et inexpliqués. Grâce à l'information obtenue auprès de Mme Soledad, une voisine atteinte aussi de cécité, Julia se rend au Centre Baumann où Sara fréquentait un groupe de femmes aveugles. Elle y apprend d'abord à l'insu de celles-ci que Sara entretenait une relation secrète avec un homme qu'elle avait emmené à Bellavista. Tapi dans l'obscurité, un homme a entendu cet échange avant d'être découvert et de s'enfuir, poursuivi en vain par Julia.
Si la parenté avec El Habitante incierto ne peut être contestée, Los Ojos de Julia butte d'emblée sur l'écueil de son scénario. Touffue, voire volontiers tortueuse et elliptique, la narration (bien moins lisible que celle de l'archétypal Wait Until Dark de Terence Young) prend à plusieurs reprises le risque du décrochage. Le soin appliqué dans la réalisation, quelques trouvailles visuelles, l'atmosphère et la persistance de la tension dramatique réussissent à le prévenir. Sensible, l'influence hitchcockienne (surtout à travers Rear Window) n'empêche cependant le Barcelonais Guillem Morales d'apporter à son film une louable singularité, lui donnant sans doute plus de relief que Blink de Michael Apted ou Jian gui des frères hong-kongais Pang. L'énergique conviction de Belén Rueda, sur laquelle repose Los Ojos de Julia, achève d'emporter notre relative mais effective(-affective) adhésion.
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