"... Drôles de petits animaux !"
Méprisé par son épouse Aiko, l'une des trois filles d'un éminent politicien tout juste réélu, et dédaigné par son fils Yoshihiko, le professeur d'art Minegishi
rentre tardivement à son domicile. Sous la pluie battante, il croise
une étudiante qu'il réconforte après qu'elle ait imprudemment traversé
la voie de chemin de fer devant un train. L'enseignant et amateur
d'estampes la conduit jusque dans un bar où il a ses habitudes, tenu par
un homme amateur de bondage. Endormie par ce dernier à l'aide d'un
somnifère, la jeune femme est ensuite emmenée dans un appartement isolé
d'un immeuble abandonné. Incité à expérimenter le shibari sur Miharu, Minegishi
s'y essaie mais renonce assez vite lorsque celle-ci retrouve un peu ses
esprits. Le lendemain, il retourne pourtant sur les lieux, bientôt
rejoint par Miharu dont il fait sa d'abord rétive captive.
Succédant à son Hana to hebi et au Niizuma jigoku de Akira Kato, cette nouvelle production également inspirée d'un ouvrage d'Oniroku Dan tente, sans y parvenir vraiment, d'associer shunga* (estampe japonaise érotique) et shibari** (bondage). Ce récit audacieux mais un peu chaotique (et naturellement contestable)
d'une domestication forcée répond également à une plus discrète
critique du couple traditionnel nippon et de la société bourgeoise et
dirigeante, motifs récurrents chez Masaru Konuma. Le rapport de domination de l'individu mâle (une fois dépassé le stade fantasmé) ne semble s'établir qu'à travers la contrainte, l'humiliation et/ou la dépendance consentie***. En l'absence de Naomi Tani, le rôle central du film est confié à une jeune actrice, à la carrière très éphémère, aux côtés de Hideaki Esumi, l'amant sacrifié de Jitsuroku Abe Sada.
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*genre du ukiyo-e dont Haronobu Suzuki, Eishô Chôkôsai, Utamaro Kitagawa ont été de notables représentants.
**pratique initialement guerrière et médiévale dotée aussi d'une connotation religieuse.
***il n'est, à ce titre, pas anodin que la cinquième partenaire de
l'initiateur ait appartenu à la police ou que Yoshihiko accepte si
volontiers le parrainage de son influent grand-père.
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