"There's two sides to everything, you know!"
Ce troisième volet de la série, entamée à la fin de sa carrière par Victor Schertzinger(1) avec Road to Singapore puis Road to Zanzibar(2), reste sans doute comme le meilleur ainsi que l'une des réalisations les plus réussies de l'ancien acteur David Butler (chez D.W. Griffith et Frank Borzage notamment). La pénultième collaboration de Frank Butler(3) et de Don Hartman (Nothing But the Truth), en compétition aux 15e Academy Awards, fait en effet souvent mouche. Et si les personnages changent, le duo musicomique(4), toujours associé à la beauté exotique (et fatale ?) de l'ex-Miss New Orleans 1931 Dorothy Lamour, se révèle encore plus (d)étonnant et efficace qu'auparavant. Habitué à cette époque aux rôles de méchants pour la Paramount, Anthony Quinn y fait sa seconde apparition dans la franchise aux côtés de Dona Drake, l'inoubliable Mademoiselle Fifi partenaire d'Eddie Cantor dans Strike Me Pink, dont les talents vocaux et chorégraphiques ne sont ici pas exploités.
Le cargo "Star of Capetown" explose, sans raison apparente ni péril pour l'équipage, au nord de la côte africaine. Un radeau sur lequel ont pris place deux passagers clandestins dérive. L'inquiétude surtout nutritive de Jeff 'Jeffrey' Peters et Orville 'Turkey' Jackson s'apaise lorsque apparaît peu après un rivage qu'ils atteignent à la nage. A dos d'un chameau isolé, ils cheminent à travers le désert jusqu'à une cité marocaine dont le calme est soudainement troublé par le galop et les tirs d'une bande de cavaliers conduite par le cheik du désert Mullay Kasin. Les deux amis d'enfance apprennent par un commerçant que le chef de tribu va demander la princesse Shalmar de Karameesh en mariage. Affamés mais sans argent, ils finissent par dîner dans une taverne, espérant échapper à l'addition, lorsque se présente un inconnu. En aparté, Jeffrey accepte de lui céder 'Turkey' contre deux mille cinq cents kolacs salvateurs. Pendant la nuit, l'esprit de Tante July vient sermonner le traître à l'égard de son neveu, le pressant de le rechercher et de lui venir en aide. Des efforts dont celui-ci se passerait bien puisqu'il a été choisi pour époux par la princesse.
"You know, this is a very strange country." Admis en 1996 au National Film Registry, Road to Morocco prend souvent de faux airs cartoonesques, ce qui contribue pour partie à son charme. Tout en étant très libre et enlevé, ce premier scénario original de la série ne perd néanmoins jamais une certaine cohérence narrative, émaillée d'astucieux dialogues et de références qui ne le sont pas moins. La compl(icité)émentarité fonctionnelle entre Bing Crosby et Bob Hope rappelle parfois celle, certes unique et frénétique, qui caractérisait les Marx Brothers. La vocation attribuée aux personnages féminins dépasse la seule posture décorative et les chansons s'intègrent plutôt bien dans le cours du récit. Une des très bonnes comédies de son époque, Road to Morocco compte désormais parmi les classiques intemporels du genre.
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1. nommé aux "Oscars" en 1935 pour One Night of Love, également musicien co-auteur de chansons dont certaines reprises dans Double Indemnity, The Conversation ou encore Hannah and Her Sisters.
2. poursuivie par Hal Walker (Road to Utopia, Road to Bali), Norman Z. McLeod (Road to Rio) et Norman Panama (The Road to Hong Kong).
3. natif d'Oxford, sans lien de parenté avec le réalisateur et futur co-scénariste de Going My Way.
4. Bing Crosby a souvent fait des apparitions non créditées dans les films de Bob Hope. On peut d'ailleurs également les voir ensemble parmi les spectateurs de The Greatest Show on Earth.
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