"Dying to get wet."
Et de trois ! En s'attaquant, après The Hills Have Eyes de Craven suivi d'un détour vers Geoul sokeuro du Sud-Coréen Kim Seong-ho, au Piranha de Joe Dante sorti trente-deux ans plus tôt(1), le Franco-étasunien Alexandre Aja devient ainsi un des spécialistes reconnus du remake (horrifique). Bien qu'elle soit souvent décriée par de prétendus puristes, la tendance aux nouvelles moutures peut parfois présenter un intérêt significatif. Sans rien ôter à la production initiale, elle permet en effet de la moderniser tant sur le plan de la narration que des techniques cinématographiques. Et d'attirer ainsi un public pour lequel l'histoire du 7e art constitue, dans la grande majorité des cas, une préoccupation très mineure. Respectable film de genre, nageant dans des eaux récemment fréquentées par le Jaws (au pluriel lui, malgré un spécimen alors unique !) de Spielberg, la première fiction en solo de Dante(2) a moins bien vieilli que l'adaptation du roman de Peter Benchley promue par David Brown, Richard D. Zanuck et Universal. Le recours aux effets spéciaux de dernière génération et au relief donne à Piranha 3D des arguments, pas toujours suffisants, dont l'original ne disposait pas.
Un soudain séisme provoque une large fissure au fond d'un lac d'où s'échappent de voraces pirahnas. Matt Boyd, un vieux pêcheur, devient leur première victime puis, le lendemain, un plongeur isolé. Entre temps, le cadavre atrocement déchiré de celui-là est retrouvé par le shérif Julie Forester et son adjoint Fallon alors que débutent les multiples festivités qui marquent, autour et sur le Lac Victoria (Arizona), le début des vacances de printemps. Malgré la promesse faite à sa mère, Jake Forester laisse sans surveillance ses cadets Laura et Zane pour servir de guide à Derrick Jones, réalisateur de films de charme, à bord du yacht "Barracuda" sur lequel est également conviée son amie Kelly. Au même moment, le shérif escorte une petite équipe de géologues chargés d'inspecter la faille créée par le séisme. Les deux plongeurs sont à leur tour attaqués et dépecés par un des bancs de prédateurs aquatiques.
La déception suscitée par Mirrors, due pour l'essentiel à la comparaison avec son modèle(3), ne nous avait pas rendu trop inquiets. L'aptitude d'Alexandre Aja(5), solide professionnel, à réaliser une telle production n'est en effet pas sujette à caution. Sans déchaîner un enthousiasme débridé, Piranha 3D obtient un succès commercial légèrement supérieur(4) tout en confirmant les rassurantes évidences véhiculées depuis Hills Have Eyes. Le scénario officiellement signé par Josh Stolberg et Pete Goldfinger (déjà associés à l'occasion d'un autre remake, Sorority Row) adresse d'emblée un clin d'œil à Jaws avant de reprendre, à peu de chose près et en nettement moins anxieuse, sa trame générale. La subtilité dramatique cède ici la place aux filles girondes (sexe, voire luxure et fléau vont régulièrement de pair(e) dans le thriller horrifique) et au gore plus actuels, sans oublier cette périodique instillation de comédie que possédait Piranha. La faible épaisseur des jeunes acteurs principaux offre le loisir à Elisabeth Shue (Leaving Las Vegas), à Christopher Lloyd, son partenaire dans les deux derniers volets de la trilogie Back to the Future et à Jerry O'Connell (Stand by Me, Jerry Maguire) de se faire remarquer.
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1. précisément l'année de naissance d'Aja.
2. lancé par société de production-distribution New World Pictures la même année que Avalanche et The Bees !
3. exercice auquel le plus grand nombre de ses spectateurs ne s'est pas livré.
4. près de 80M$ de recettes mondiales (dont plus des deux tiers à l'étranger), pour un budget d'environ 25 M$, contre 69,6M$ et 77,5M$ pour les deux précédents.
5. finalement préféré à Chuck Russell (A Nightmare on Elm Street 3: Dream Warriors, The Mask).
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