"Mauvaise couleur."
Avec ce sixième film de M. Night Shyamalan, il faudra bien admettre que l'imaginaire du réalisateur est limité, borné... et donc, qu'il a tendance à se répéter. Lorsque The Village a été annoncé et que son synopsis a circulé, on pouvait s'attendre à une reprise de la thématique de Signs (l'ennemi dehors et nous dedans),
mais dans un traitement original et sérieux. En réalité, le film est
une farce maladroite et, pour tout dire, on s'ennuie ferme. Et de
regretter cette mobilisation de talents pour une intrigue aussi plate.
Je serais tenté de dévoiler ici les tenants et aboutissants (le pluriel s'impose-t-il ?)
du film. Je me contenterais des tenants. Une communauté, aux allures
presque mormones, vit isolée dans une grande clairière entourée d'un
bois. Un conseil des anciens l'administre dans une apparente harmonie
démocratique. Un mirador est dressé à l'extrémité du village et une
veille nocturne y est organisée. Car des créatures effrayantes peuplent
la forêt où nul ne peut se rendre. La couleur rouge est prohibée car
elle attire "ceux-dont-on-ne-parle-pas" ; le jaune est, à
l'inverse, protecteur et les arbres qui bordent le bois portent un
étendard de cette teinte. La paix semble régner mais on retrouve des
animaux morts et dépecés, ce qui pourrait traduire un trouble chez les
mystérieux habitants des bois. Lucius Hunt (Joaquin Phoenix)
est tenté de braver l'interdit et de faire une ballade en forêt.
Peut-être en réaction à ce geste sacrilège, une des créatures pénètre
nuitamment dans le village où les habitants, avertis, sont réfugiés dans
les sous-sols. Kitty Walker, la fille d'Edward Walker (William Hurt), l'un des anciens les plus influents, est éprise de Lucius mais celui-ci ne répond pas favorablement à son amour. Il aime, en effet, la jeune sœur aveugle de celle-ci, Ivy (Bryce Dallas Howard), auprès de laquelle il se déclare après que Kitty se soit mariée. Mais Noah Percy (Adrien Brody), un attardé mental très proche d'Ivy, poignarde Lucius par jalousie. Lucius est à l'article de la mort ; seul des remèdes, cherchés dans la ville de l'autre côté de la forêt, pourrait le sauver. Ivy se propose pour accomplir cette mission.
Entre Signs donc et un certain Pacte des loup (en ai-je trop dit ?!), The Village
ne tient aucune de ses promesses. La révélation du mystère qui entoure
cette communauté est décevante, la photographie est plate, avec des
choix de plans et de focales contestables, la thématique de couleurs est
mal exploitée et les excellents acteurs deviennent comiques en
défendant ce scénario et ces dialogues médiocres. Kirsten Dunst, qui devait initialement jouer le rôle d'Ivy, a été bien inspirée de renoncer au film, même si elle avait une bonne raison (un autre tournage). Quand on sait que Shyamalan évoque King Kong
comme inspiration pour son film, on ne peut que lui donner un précieux
conseil : se mettre à l'adaptation ou choisir, dorénavant, un bon
scénariste... Cooper et Wallace s'étaient mis à deux pour imaginer les aventures de leur singe géant !
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