"When I am laid in earth
May my wrongs create
No trouble in thy breast
Remember me, but ah! forget my fate." (in Dido & Aeneas d'Henry Purcell)
Les Arts florissants
Formation
instrumentale et vocale dédiée à la musique baroque créée en 1979 et
toujours dirigée par le claveciniste et chef d'orchestre
franco-américain William Christie, Les Arts florissants doit son nom à un court opéra de Marc-Antoine Charpentier.
Elle a joué un rôle pionnier pour imposer dans le paysage musical
français un répertoire jusqu'alors méconnu et aujourd'hui largement
interprété et admiré : non seulement le "Grand Siècle" français, mais
plus généralement le patrimoine musical européen des XVIIème et XVIIIème
siècles.
Les deux pièces ont été réunies en raison de la proximité de leur
thématique, style de composition et date de création. Le concert a été
enregistré au Théâtre du Préau de Vire (Calvados) en 2001.
Actéon
Marc-Antoine Charpentier,
compositeur français né en 1643 dans une famille qui ne compte aucun
musicien, revient à Paris d'un séjour de trois ans à Rome, à la fin des
années 1660. Il s'installe chez Marie de Lorraine, princesse de
Joinville, duchesse de Joyeuse et duchesse de Guise, dans son grand
hôtel de la rue du Chaume. La duchesse adore la musique et entretient,
chez elle, un ensemble de musiciens et de chanteurs de qualité. C'est
dans ce cadre qu'il crée ses premières œuvres.
En 1672, Molière demande à Charpentier
de remplacer Lully pour assurer la partie musicale de ses
comédies-ballets. C'est notamment avec une nouvelle pièce de Molière, "Le Malade imaginaire" (H.495)*,
créée le 10 février 1673 qu'il pourra donner la pleine mesure de son
talent. Malheureusement, cette intéressante collaboration est
interrompue par le décès de Molière au cours de la quatrième représentation de la pièce.
C'est en 1984 que Charpentier compose, à partir d'un livret anonyme, "Actéon", ce divertissement, également qualifié de pastorale ou opéra de chasse en six scènes (H.481)*. Comme "La Descente d'Orphée aux enfers" (H.488)*,
c'est une œuvre très proche de l'univers de l'opéra, non seulement en
raison du thème choisi, mais aussi par leur indéniable dimension
dramatique et psychologique telle qu'on peut l'entendre dans la plainte d'Actéon et le chœur de lamentations qui lui succède.
Actéon,
un jeune prince fils d'Aristée et d'Autonéo, surprend, au cours d'une
chasse à l'ours, Diane (fille de Zeus et de Léto, sœur jumelle d'Apollon
et déesse de la chasse et de la nature sauvage) et ses huit nymphes se
baignant au bord d'un ruisseau. Furieuse, Diane chasse Actéon et pour se
venger, le transforme en cerf afin qu'il soit poursuivi par ses propres
chiens. Actéon tente de s'échapper mais il est dévoré par ses propres
chiens qui le prennent pour un gibier. Les chasseurs thébains, en un
chœur, déplorent le funeste destin de leur souverain. C'est Junon,
déesse jalouse, qui, pour se venger des amours adultères de Jupiter et
d'Europe, est à l'origine de son infortune.
Structure de l'œuvre :
Structure de l'œuvre :
Ouverture
Scène première : Chœur des Chasseurs - Air d'Actéon - Duo de Chasseurs
Scène deuxième : Air de Diane & Chœur des Nymphes - Duo de Daphné et Hyale - Air d'Arthébuze & Chœur des Nymphes
Scène troisième : Récitatif d'Actéon - Air d'Actéon - Duo de Diane et Actéon - Chœur des Nymphes
Scène quatrième : Récitatif d'Actéon - Ritournelle
Scène cinquième : Chœur des Chasseurs
Scène sixième : Air de Junon & Chœur des Nymphes - Chœur des Chasseurs
Interprètes :
Actéon : Paul Agnew, haute-contre
Diane : Sophie Daneman, soprano
Junon : Stéphanie d'Oustrac, mezzo
Arthébuze et Daphné : Gaëlle Méchaly, soprano
Hyale : Camilla Johansen, soprano
Michel Puissant, contre-ténor
Cyril Auvity, ténor
Vincent Lièvre-Picard, ténor
Laurent Slaars, baryton
Bertrand Chuberre, baryton
Didon et Enée
Né en 1659 à Westminster, un quartier de Londres, dans une famille de musiciens, Henry Purcell
est un des compositeurs les plus intéressants du XVIIe siècle. Connu
avant tout pour ses œuvres vocales, il compose pour le théâtre, en 1684,
ce "Didon et Enée" dans lequel il fait pleinement la preuve de son génie dramatique. Cet opéra en trois actes, écrit sur un livret de Nahum Tate (dramaturge et poète irlandais) d'après "L'Enéide" (livre IV) de Virgile, bien qu'incomplet et remanié, est une des œuvres lyriques les plus fortes de l'histoire de la musique.
Une des caractéristiques de Purcell
est d'associer étroitement la musique aux mouvements du texte, ce qui
crée une tension dramatique puissante. L'une des meilleures
illustrations se trouve dans la célèbre complainte "When I am laid in earth" de "Didon et Enée",
où l'harmonie et la mélodie, illustrant les différentes émotions des
personnages, varient sans cesse pendant que la basse continue,
symbolisant l'irréversibilité, répète un motif unique.
La
reine de Carthage, Didon, hésite à déclarer sa flamme au prince troyen
Enée que le destin a envoyé sur les rivages de Carthage. Encouragé par
sa cour et sa suivante Belinda à avouer son amour, Didon cède. Pendant
ce temps, des sorcières complotent dans une caverne et se réjouissent de
la ruine de Didon et de Carthage, et se préparent à faire lever une
tempête : au cours de celle-ci, Enée est trompé par un mauvais esprit
qui lui prédit la nécessité de retourner en Italie. Enée s'apprête donc à
partir, laissant Didon à proie à la douleur. La reine de Carthage dit
adieu au monde, blessée à mort par cet abandon.
Interprètes :
Didon : Stephanie d'Oustrac, mezzo
Belinda : Sophie Daneman, soprano
Seconde femme et première sorcière : Gaëlle Méchaly, soprano
L'Enchanteresse : Michel Puissant, contre-ténor
Seconde sorcière : Camilla Johansen, soprano
L'Esprit : Cyril Auvity, ténor
Enée : Nicolas Rivenq, baryton
Le marin : Laurent Slaars, baryton
Vincent Lièvre-Picard, ténor
David le Monnier, baryton
Bertrand Chuberre, baryton
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*le catalogue des œuvres de Charpentier a été réalisé par un certain Hugh Wiley Hitchcock !
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