"Donnez moi du feu."
Un film solide et un polar français qui compte dans l'histoire du cinéma malgré un vieillissement avancé. Henri Verneuil sort d'un western assez moyen, La Bataille de San Sebastian et il s'attelle à l'adaptation, avec José Giovanni, du roman d'Auguste Le Breton, auteur, entre autres, de "Razzia sur la Chnouf", "Bob le flambeur" et "Le Rouge est mis" (mis en images respectivement par Henri Decoin, Jean-Pierre Melville et Gilles Grangier).
L'histoire est intéressante, mêlant évasion, banditisme international (Paris-Rome-New York, comme on dit sur les emballages ou publicités des produits de luxe !) et intrigue familiale. La tension est bien gérée, notamment dans les scènes où Sartet-Delon
est à deux doigts de se "faire serrer" par la police. Celle de
l'atterrissage d'un DC8 sur une autoroute en construction, ambitieuse
pour l'époque, a en partie bâti la réputation du film (elle passait souvent, par exemple, à l'émission télévisée dominicale "la séquence du spectateur"). Néanmoins, le film souffre d'une mise en scène académique (pour ne pas dire assez peu inventive).
Mais on succombe, au second degré, au charme désuet des attentes
téléphoniques d'un quart d'heure pour obtenir Rome, de l'amateurisme de
la coopération internationale des polices ou de l'absence de l'envoi
d'avions de chasse américains lorsque l'avion de ligne survole New York (ce qui n'est finalement pas si daté si l'on se réfère à un passé récent).
Le film réunit un trio de rêve pour le genre : Gabin/Ventura/Delon
mais sans qu'il y ait réelle symbiose entre eux. L'essentiel du film
repose, en effet, sur les épaules du premier cité. On peut être amusé
d'entendre Vittorio Manalese-Gabin
parler italien et anglais sans se départir pour autant de son prononcé
de boulevards. Mais il est très sobre par ailleurs en chef de famille
gérant ses entreprises et affaires. Lino Ventura, fidèle à lui-même, incarne un inspecteur Le Goff tout en sérieux et détermination. Alain Delon, qui n'apparaît quasiment pas dans la partie centrale du film, est l'acteur un peu rigide, catégorique (pour éviter de dire caricatural) que l'on rencontre, hélas, dans la plupart de ses films. On a plaisir également à retrouver de sympathiques seconds rôles tels André Pousse, Danielle Volle ou encore de voir apparaître Edward Meeks (le héros de la série TV "Les Globe-trotters" aux côtés d'Yves Rénier).
Enfin, on ne serait pas complet (doit-on l'être ?) si l'on ne citait pas la désormais célèbre musique sifflée et "guimbardée" d'Ennio Morricone qui donne un cachet irrésistible au Clan des siciliens. Il en fait même, dans le duel final, un candidat au genre western !
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