"C'est pas facile d'écrire sur son père... je veux dire dessus."
Deuxième long métrage du producteur (Mille millièmes), écrivain-scénariste (Les Braqueuses), acteur (Romaine) et réalisateur Laurent Bénégui*.
Il s'agit de l'adaptation cinématographique de son roman
autobiographique éponyme, paru début 1992, qui le met en scène à travers
le personnage de Barnabé et constitue surtout un hommage à ses parents, Léopold et Nicole Bénégui, restaurateurs à Paris.
Barnabé lroulégui (Jacques Gamblin) a l'idée, à l'occasion de la fermeture définitive du restaurant de ses parents, "Le petit Marguery",
d'organiser un dernier repas et d'y convier tous ses amis, qui sont
également ceux de sa famille. Une grande table est dressée au centre de
la salle, au milieu des clients habituels. Le père de Barnabé, Hippolyte (Michel Aumont), officie en chef dans la cuisine, Joséphine (Stéphane Audran),
la mère, s'active dans la salle. On évoque le passé, les bons et moins
bons souvenirs, on y exprime son amour, sa tendresse ou ses inimitiés et
ressentiments,... ses secrets. Tous regrettent la fin de ce lieu si
cher à leur cœur et le départ à la campagne du couple lroulégui. On apprendra qu'Hippolyte est malade et contraint d'arrêter son art. Dans quelques jours, "Le petit Marguery" deviendra une agence bancaire.
C'est beau, l'amour filial ! Eloge de ses parents, de la gastronomie et de l'art culinaire, Laurent Bénégui
réussit sa recette sucrée-salée, un subtil mélange de suave et légère
douceur de comédie sur un fond d'amertume dramatique. Pour comprendre
les origines et interactions entre les nombreux personnages, plusieurs
flash-back, insérés avec doigté, sont utilisés tout au long du métrage.
Le rythme est alerte, la mise en scène inventive mais les intrigues
secondaires multiples perturbent la bonne lisibilité de la trame
générale du film. Le portrait de quelques individualités sont trop
rapidement brossées et on oublie assez rapidement, pour certains, qui
est qui et pourquoi. On peut également être gêné par l'emploi de "trucs"
visuels (plan de pieds, incorporation d'images vidéo...) qui n'apportent pas grand chose au film. Par ailleurs, le traitement des deux générations n'est pas équilibré, l'ancienne est (in)volontairement
favorisée par rapport à la jeune, ce qui rend les représentants de
cette dernière moins sympathiques. Bien que parfois maladroite, Au petit Marguery est une œuvre chorale** attachante, moins vertigineuse et inspirée que le Babettes gæstebud de Gabriel Axel (tiens ! déjà avec la remarquable Stéphane Audran), mais qui mérite d'être vu.
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* dont le dernier film, Qui perd gagne !, sort dans quelque jours sur les écrans.
** il faudra, un jour, recenser les films qui ont une dette vis-à-vis du Short Cuts d'Altman.
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