Les Ailes des héros

"Tu n'as pas le droit de risquer la peau des pilotes qui voudraient suivre ton exemple."(A. de St. Exupéry à Jean Mermoz)

Réalisé à partir de très nombreux documents d'archives (parfois colorisés), Les Ailes des héros est un passionnant documentaire, très riche en informations, d'un peu plus d'une heure trente qui retrace cent ans d'aviation. C'est également l'histoire du XXe siècle qui est passée en revue, car l'aviation, dans ses développements civils et militaires, a eu une influence considérable sur l'évolution du monde et des relations entre les nations. C'est enfin un hymne aux hommes et femmes qui ont permis à la technologie de connaître une avancée historique dans un laps de temps, finalement, relativement court et rejoint les grands marins dans la mythologie héroïque.

De la naissance à la Première Guerre mondiale

L'époque des pionniers est, bien entendu, à la fois drôle et tragique. Depuis Icare, le désir de voler de l'homme se traduit souvent, hélas, par l'échec. Le premier vol, le 17 décembre 1903, réalisé par les frères Wright sur leur Flyer marque le début d'une période de réussites, de drames, en un mot de passion qui mettra en scène des personnalités fortes et souvent attachantes. La dimension militaire de l'aviation est apparue très tôt, dans la foulée de l'invention du mot "avion" que l'on doit à Adler. Mais le côté spectaculaire n'est, bien sûr, pas négligé. Dès 1908, un opérateur de cinéma, technique qui vient de naître, embarque à bord d'un biplan. C'est également à cette époque que se créent les meetings et prix. A peine en l'air, on invente très vite de nouveau défis : la traversée de la Manche en est un (organisée notamment par le quotidien britannique Daily mail), que Louis Blériot réalise le premier en 37 minutes en 1909. Mais la guerre est toute proche. Et l'aviation française compte déjà plus de cent mille engins. Les "as" des deux camps s'y distingueront : Guynemer et Fonk pour la France, Manfred von Richtoffen dit le "Baron rouge" pour l'Allemagne, vainqueur de 81 duels aériens.

L'entre-deux-guerres

Démobilisés, les aviateurs connaîtront le désarroi du retour à la vie civil. Certains essaieront de s'illustrer en tentant des prouesses un peu folles : passer sous l'Arc de triomphe, atterrir sur le toit des Galeries lafayette (Jules Védrine). Aux Etats-Unis, les cascadeurs en vol se multiplient, parmi eux une femme, Liliane Boyer et celui qui deviendra le plus célèbre stunt flyer d'Hollywood des années 1930 à 1960, Paul Mantz qui double Laurel et Hardy dans la fameuse scène de The Flying Deuces, qui figurera au générique de plusieurs films d'Howard Hawks et qui trouvera la mort pendant le tournage de The Flight of the Phoenix de Robert Aldrich.

La création de l'Aéropostale par Latécoère voit l'émergence de pilotes de la trempe de St. Exupéry ou Jean Mermoz, lequel réussit le premier à traverser l'Atlantique-sud. Après ce nouvel exploit, c'est au tour de l'Atlantique-nord d'être l'objet de toutes les tentatives et de toutes les tentations (un prix de l'équivalent de 200 000 de nos euros est, en effet, offert). Fonk dans le sens Ouest-Est, Nungesser, Coli et leur "Oiseau blanc" dans le sens inverse échouent dramatiquement en 1926, parfois avant même leur décollage. Lindberg avec son étonnant et technologiquement performant "Spirit of St.Louis" réussira la traversée après 33 heures d'une lutte permanente contre les éléments et la fatigue, le 21 mai 1927 (ce qui vaudra au pilote une pluie record de 1 800 tonnes de confettis pendant sa traversée d'honneur de New York).

L'aviation civile et les aéroports naissent au cours de cette période, paradoxalement favorisés par les politiques de recherche et de prestige des nouveaux dirigeants de l'Europe que sont Staline, Mussolini et Hitler. En Allemagne nazie, une flotte de zeppelins relie régulièrement Berlin à New York. Dans le même temps, les femmes réussissent à s'imposer dans un milieu que l'on aurait pu croire exclusivement masculin : records d'altitude (12 043 m.), de vol en solo (35h46), de vitesse. Ruth Elder échoue dans sa tentative de traversée de l'Atlantique mais devient actrice à Hollywood. Amelia Erhardt sera la première femme à y parvenir mais elle connaîtra, quelques années plus tard, dans une tentative de tour du monde d'Ouest en Est, un sort tragique.

La Seconde Guerre mondiale et l'ère moderne

Pearl Harbour constitue un tournant dans l'histoire de l'aviation. L'air est devenu l'espace que se doit de conquérir un pays engagé dans un conflit. Et le bombardement devient une arme essentiel à la victoire. Le recrutement des pilotes de chasse aux Etats-Unis fait l'objet d'une campagne publique, avec Clark Gable et James Stewart en officiers recruteurs, eux-même engagés dans l'armée de l'air pendant le guerre. Wyler et Sturges mettront, eux aussi, leur talent à filmer des pilotes Us basés en Corse.
La paix revenue, les projets les plus insensés voient le jour, comme l'Hercules conçu par Howard Hugues, un hydravion géant, le plus grand avion du monde, construit en sapin. L'hélice est remplacée par le réacteur, notamment grâce aux travaux des ingénieurs nazis. Ceux-ci se "recyclent" dans la conquête spatiale et la course aux armements atomiques sous les couleurs américaines ou soviétiques. Le mur du son est vaincu à bord du X1 , le 14 octobre 1947, par le pilote de chasse, devenu pilote d'essai, "Chuck" Yeager, un des personnages principaux de The Right Stuff de Philip Kaufman. Son collègue, Neil Armstrong, autre personnages du film de Kaufman, après avoir franchit Mach 5 avec le X15 , deviendra le héros emblématique des missions lunaires (Appolo 11).
La Caravelle et les Boeing 707 envahissent le ciel, permettant au transport aérien de se démocratiser. Ils sont à l'origine des gros porteurs que nous connaissons aujourd'hui, Airbus et Boeing , tête à tête troublé quelques dizaines d'années par le plus belle oiseau mécanique du XXe siècle, le Concorde .