"Tu n'es pas le genre de fille à demander à un garçon ce qu'elle doit faire."
Blue Crush est le troisième film de l'acteur-réalisateur John Stockwell.
La première impression, en découvrant le titre et l'affiche, est de
penser qu'il s'agit encore d'une de ces productions qui attirent le
public avec du sport extrême, des jeunes filles en bikini et de la
musique commerciale. L'appréhension est renforcée par le fait que le
film a mis près d'un an à traverser l'Atlantique. Il n'avait
probablement pas trouvé la bonne vague. En réalité, Blue Crush
est un peu cela, mais c'est aussi l'une des réalisations
hollywoodiennes qui mettent le plus sérieusement en images le surf,
sport éminemment cinégénique mais difficile à mettre correctement en
scène.
Native d'Hawaii, Anne Marie Chadwick (Kate Bosworth)
rêve, depuis son enfance, de devenir la meilleure surfeuse. Elle vit,
depuis qu'elle a été abandonnée par sa mère, avec sa petite soeur Penny (Mika Boorem) encore scolarisée et ses deux amies Eden (Michelle Rodriguez) et Lena (Sanoe Lake)
avec lesquelles elle est femme de chambre dans un luxueux hôtel de
l'île. Victime d'un grave accident de surf, trois ans auparavant, elle
aborde une importante épreuve, la Pipe Masters Surf Competition,
avec une certaine appréhension, malgré des talents reconnus depuis son
enfance. Elle rencontre un joueur de football en vacances, Matt Tollman (Matthew Davis),
avec lequel elle entame une relation amoureuse qui lui fait négliger
son entraînement. Elle est aiguillonnée, parfois violemment, par Lena
qui aurait voulu, elle aussi, être une championne mais n'a pas le
potentiel de son amie. Désorientée par ses relations difficiles avec sa
soeur, sa peur du danger et sa relation incertaine avec Matt,
elle réussira néanmoins à trouver en elle la force pour participer à la
compétition et pour y bien figurer malgré une concurrence très relevée.
C'est à la lecture d'un article de magazine, signé par Susan Orlean, que Stockwell
a décidé de tourner son film. Bien sûr, il y a greffé une aventure
romantique pour sortir du documentaire, mais qui est parfaitement
secondaire. L'essentiel est conservé : raconter l'histoire d'une jeune
surfeuse très douée, traumatisée par un accident, qui parvient, tout de
même, à trouver les ressources pour affronter les meilleures
compétitrices et les plus dangereuses vagues de la planète. Les
séquences en mer sont particulièrement réussies : la puissance des
vagues est très bien rendues, beaucoup plus efficace et crédible que le
traitement qu'en a fait Kathryn Bigelow dans Point Break,
pourtant déjà honorable. La pression de l'eau, l'étouffement en apnée
sont "palpables", pour ne pas dire ressentis. Le sonorisation y
contribue beaucoup. A noter que le titre du film joue sur le mot crush qui signifie, à la fois, écraser et "avoir le béguin".
Les
images sous-marines sont très belles. La longue scène de compétition,
qui clôt le film, souffre de défauts de continuité, mais elle est assez
spectaculaire. Hollywood n'est, hélas, pas bien loin d'Oahu et
l'impression d'ensemble reste celle d'un film un peu conventionnel et
plein de bons sentiments. Mais cela ne gâche pas fondamentalement le
plaisir de le voir. La distribution est sympathique, emmenée par la
jolie Kate Bosworth qui décroche là son premier rôle principal. Matthew Davis est un peu transparent et Michelle Rodriguez incarne le personnage le plus intéressant du film qui l'éloigne (un tout petit peu !)
des rôles quasi masculins qu'on lui propose habituellement. On ne peut
conclure sans mentionner la présence des vraies championnes que sont
Kate Skarratt, Rochelle Ballard, Keala Kennelly, Megan Abubo et Layne
Beachley.
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