Forty Guns (quarante tueurs)

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"I'm not interested in you, Mr. Bonnell. It's your trademark."

Western atypique de cette fin de la période classique du genre, Forty Guns* n'en est pas moins un grand film. Ecrit, produit (en association avec la Fox) et réalisé par Samuel Fuller, il opère en particulier une rupture assez marquée avec le traditionnel dualisme westernien malgré un semblant respect des codes alors en vigueur. La narration déroute assurément, de la bruyante chevauchée introductrice au final en apparence moins original en passant par cet insolite (inédit ?) épisode cyclonique, par son énergie et sa brutalité (à tous les sens du terme) mais aussi par l'espèce de confusion entretenue à propos des personnages et des enjeux autour desquels ils s'affrontent ou s'unissent.

Une singularité, à la fois objective et subjective, se révélant d'autant plus forte lorsque l'on sait que l'action prend pour cadre la fameuse localité de Tombstone, décor la même année du plus conventionnel Gunfight at the O.K. Corral de John Sturges. Le casting lui-même participe à l'implicite étrangeté de Forty Guns. Aux côtés de Barbara Stanwyck (formidable actrice des années 1930-40 désormais surtout employée par la télévision), Barry Sullivan, grand habitué des westerns, incarne un marshal conscient de n'être plus qu'une survivante curiosité ("freak") d'un passé révolu. Dean Jagger (le shérif alcoolique de Bad Day at Black Rock), Gene Barry (déjà choisi par Fuller pour être la vedette masculine de China Gate) et le natif allemand John Ericson tiennent les principaux seconds rôles.

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*second western de Fuller après Run of the Arrow (RKO), sorti deux mois plus tôt.
**partenaire, notamment, de Bette Davis dans le drame conjugal Payment on Demand.