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"What can you do against blind accident?"
Key Largo puis The Asphalt Jungle, John Huston signe presque coup sur coup deux excellents polars de cette fin des 40's, références durables du genre depuis lors. Produits par des studios concurrents1, les deux films sont aussi assez dissemblables tant au plan narratif que formel. Adapté du roman de William Riley Burnett publié l'année précédente, le scénario co-écrit avec Ben Maddow s'intéresse moins aux événements eux-mêmes (préparatifs, exécution et funestes conséquences d'un vol nocturne de pierres précieuses) qu'aux différents individus impliqués dans ce crime. La longue phase de mise en place sert d'ailleurs à développer les caractéristiques des personnages et leur psychologie mais également à établir les concours de circonstances à l'origine de l'échec rencontré. Avec ses scènes en intérieurs et/ou de nuit, The Asphalt Jungle impose sa tonalité clandestine et sombre (fortement contrastée par la lumineuse, insolite séquence finale du Kentucky, antithétique de celle d'ouverture tournée dans des faubourgs délabrés de Cincinnati).
La première des deux collaborations de Huston avec le photographe Harold Rosson, réputé pour la subtilité de ses éclairages, se montre plus qu'efficiente. La composition du cadre, souvent en perspective, est particulièrement soignée. Le casting constitue l'un des atouts importants du film : le rude et séduisant Sterling Hayden, engagé pour la deuxième fois dans un polar qui deviendra l'un de ses genres de prédilection, le distingué Louis Calhern (aussi à l'aise face aux Marx Brothers que chez Hitchcock), la touchante Jean Hagen mais aussi Sam Jaffe2 (souvent titulaire, comme ici, de rôles de professeur ou de docteur), James Whitmore, John McIntire, Marc Lawrence, Anthony Caruso et Marilyn Monroe3. Nommé dans trois catégories des Golden Globes, quatre des Academy Awards, The Asphalt Jungle est entré en 2008 au National Film Registry.
N.B. : le roman de W.R. Burnett a ensuite inspiré le western The Badlanders (1958), le polar Cairo (1963) également produits par la MGM et le film indépendant de blaxploitation Cool Breeze (1972).
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1. ici par Arthur Hornblow Jr. (Gaslight) pour la MGM.
2. successeur de Joseph Cotten au palmarès du meilleur acteur désigné par la Mostra.
3. dans le quatrième rôle crédité de sa carrière, l'actrice n'apparaît que dans deux scènes (malgré ce que pourrait laisser penser des affiches plus tardives du film). Suffisantes pour attirer l'attention de Joseph L. Mankiewicz qui lui offrit le second rôle de Miss Casswell dans All About Eve grâce auquel Monroe obtint un contrat plus durable avec la Fox.
Key Largo puis The Asphalt Jungle, John Huston signe presque coup sur coup deux excellents polars de cette fin des 40's, références durables du genre depuis lors. Produits par des studios concurrents1, les deux films sont aussi assez dissemblables tant au plan narratif que formel. Adapté du roman de William Riley Burnett publié l'année précédente, le scénario co-écrit avec Ben Maddow s'intéresse moins aux événements eux-mêmes (préparatifs, exécution et funestes conséquences d'un vol nocturne de pierres précieuses) qu'aux différents individus impliqués dans ce crime. La longue phase de mise en place sert d'ailleurs à développer les caractéristiques des personnages et leur psychologie mais également à établir les concours de circonstances à l'origine de l'échec rencontré. Avec ses scènes en intérieurs et/ou de nuit, The Asphalt Jungle impose sa tonalité clandestine et sombre (fortement contrastée par la lumineuse, insolite séquence finale du Kentucky, antithétique de celle d'ouverture tournée dans des faubourgs délabrés de Cincinnati).
La première des deux collaborations de Huston avec le photographe Harold Rosson, réputé pour la subtilité de ses éclairages, se montre plus qu'efficiente. La composition du cadre, souvent en perspective, est particulièrement soignée. Le casting constitue l'un des atouts importants du film : le rude et séduisant Sterling Hayden, engagé pour la deuxième fois dans un polar qui deviendra l'un de ses genres de prédilection, le distingué Louis Calhern (aussi à l'aise face aux Marx Brothers que chez Hitchcock), la touchante Jean Hagen mais aussi Sam Jaffe2 (souvent titulaire, comme ici, de rôles de professeur ou de docteur), James Whitmore, John McIntire, Marc Lawrence, Anthony Caruso et Marilyn Monroe3. Nommé dans trois catégories des Golden Globes, quatre des Academy Awards, The Asphalt Jungle est entré en 2008 au National Film Registry.
N.B. : le roman de W.R. Burnett a ensuite inspiré le western The Badlanders (1958), le polar Cairo (1963) également produits par la MGM et le film indépendant de blaxploitation Cool Breeze (1972).
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1. ici par Arthur Hornblow Jr. (Gaslight) pour la MGM.
2. successeur de Joseph Cotten au palmarès du meilleur acteur désigné par la Mostra.
3. dans le quatrième rôle crédité de sa carrière, l'actrice n'apparaît que dans deux scènes (malgré ce que pourrait laisser penser des affiches plus tardives du film). Suffisantes pour attirer l'attention de Joseph L. Mankiewicz qui lui offrit le second rôle de Miss Casswell dans All About Eve grâce auquel Monroe obtint un contrat plus durable avec la Fox.
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