"From what I can see, the only time you ever jolly well do any work is when you're on strike. "
Dans la carrière de Peter Sellers, I'm All Right Jack a constitué assurément un formidable tremplin. Le fils de comédiens avait déjà tenu un remarqué second rôle dans l'excellent The Ladykillers,
devenu un classique de l'humour noir britannique. Mais c'est pourtant
dans cette épatante satire sociale que le comique singulier et retenu,
les fines nuances du jeu de ce prodigieux acteur apparaît pour la
première fois de façon si éclatante. Surtout considéré a posteriori. La
seconde adaptation d'un roman(1) d'Alan Hackney lui permit d'ailleurs d'obtenir sa toute première récompense, succédant à Trevor Howard au palmarès du meilleur acteur britannique des BAFTA.
Lors d'une visite rendue à son père, résidant du camp naturiste privé de Sunnyglades, Stanley Windrush
lui confie son souhait de trouver un emploi "sur mesure" dans
l'industrie. Grâce au bureau des étudiants, il obtient une dizaine
d'entretiens. Mais du groupe chimico-lessivier Detto au producteur de la friandise "Num-Yum",
la faible solidité de sa motivation provoque inévitablement
l'irritation de ses interlocuteurs. Sur la recommandation de son vieil
ami de régiment Sidney De Vere Cox alias 'Coxie', partenaire en affaires de l'oncle Bertram 'Bertie' Tracepurcel, celui-ci lui propose d'intégrer au bas de l'échelle l'effectif de Missiles dont il est le directeur. Placé comme ouvrier non qualifié par le Labour Exchange, Windrush
rejoint l'équipe de conducteur de chariot-élévateur. Sa tenue
vestimentaire et ses préoccupations d'intellectuel le rendent presque
aussitôt suspect d'être un inavoué nouveau contrôleur des cadences.
Saisi, le délégué du personnel et président syndical Fred Kite
lui fait avouer son inexpérience. Puis, ayant ordonné la suspension du
travail, il convainc sans mal le responsable du personnel Hitchcock de renvoyer Windrush... avant de l'en empêcher une fois connue l'origine de son recrutement.
"We do not and cannot accept the principle that incompetence justifies dismissal. That is victimisation." Un croustillant avant-goût qui explique pourquoi I'm All Right Jack(2) reste, encore aujourd'hui, l'une des plus savoureuses comédies fondées sur les conflits sociaux. Une ironique citation shakespearienne(3) en exergue, le scénario(4) tourne en dérision l'illusoire émergence d'un Nouveau monde. Soulignant en particulier, avec astuce, les contradictions conceptuelles (idéologiques ?) produites par l'effrénée réindustrialisation mécaniste (Mon oncle de Tati est sorti l'année précédente), ouvertement mercantile de l'Angleterre d'après-guerre, mais aussi les rapports de classe, les malversations affairistes ou l'influence parfois potinière et ridicule des médias populaires. Dans un rôle un peu ingrat de syndicaliste convaincu (présumé sympathisant travailliste, voire même, so shocking!, communiste), Peter Sellers vole littéralement la vedette à ses principaux partenaires, à commencer par Ian Carmichael(5) en dindon de la farce. Les prestations de Thomas Terry Hoar Stevens alias Terry-Thomas, inoubliable "figure" de comédies aventurières (franco-)anglaises(6), de Richard Attenborough, Dennis Price, Margaret Rutherford et Liz Fraser(7) relèvent la belle truculence du film, probable référence de nombreuses comédies britanniques, The Full Monty notamment.
"We do not and cannot accept the principle that incompetence justifies dismissal. That is victimisation." Un croustillant avant-goût qui explique pourquoi I'm All Right Jack(2) reste, encore aujourd'hui, l'une des plus savoureuses comédies fondées sur les conflits sociaux. Une ironique citation shakespearienne(3) en exergue, le scénario(4) tourne en dérision l'illusoire émergence d'un Nouveau monde. Soulignant en particulier, avec astuce, les contradictions conceptuelles (idéologiques ?) produites par l'effrénée réindustrialisation mécaniste (Mon oncle de Tati est sorti l'année précédente), ouvertement mercantile de l'Angleterre d'après-guerre, mais aussi les rapports de classe, les malversations affairistes ou l'influence parfois potinière et ridicule des médias populaires. Dans un rôle un peu ingrat de syndicaliste convaincu (présumé sympathisant travailliste, voire même, so shocking!, communiste), Peter Sellers vole littéralement la vedette à ses principaux partenaires, à commencer par Ian Carmichael(5) en dindon de la farce. Les prestations de Thomas Terry Hoar Stevens alias Terry-Thomas, inoubliable "figure" de comédies aventurières (franco-)anglaises(6), de Richard Attenborough, Dennis Price, Margaret Rutherford et Liz Fraser(7) relèvent la belle truculence du film, probable référence de nombreuses comédies britanniques, The Full Monty notamment.
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1. "Private Life", lequel faisait suite à Private's Progress également porté à l'écran par John Boulting trois ans plus tôt.
2. l'un des six meilleurs films étrangers de l'année selon le National Board of Review.
3. "... O brave new world, That has such people in't" (Miranda - "The Tempest", acte 5 scène 1)
4. lui aussi primé aux BAFTA 1960.
5. réussissant, pour incarner son personnage, à gommer une douzaine d'année de son état civil.
6. It's a Mad Mad Mad Mad World, Those Magnificent Men in Their Flying Machines... et bien sûr La Grande vadrouille.
7. défaite dans la catégorie "meilleur espoir" par Hayley Mills (Tiger Bay).
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