mercredi 21 novembre 2012

Billy Liar (billy le menteur)


"Today's a day... of big decisions."

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Billy Liar ? Sans mentir, l'une des plus séduisantes comédies dramatiques de cette pourtant riche décennie 1960. La jeunesse de cette époque ressentait, nous le savons par de multiples témoignages, un étrange mélange d'enthousiasme effervescent et de significative crainte d'affronter un monde un peu oppressant, lui-même hésitant entre un rassurant immobilisme inertiel et un incertain renouveau(1). C'est dans ce contexte qu'est née dans l'esprit du trentenaire Keith Waterhouse cette histoire nettement waltermittienne(2). Après sa publication en 1959, le Leodensian et son vieil acolyte Willis Hall la montent l'année suivante au théâtre puis l'adaptent pour le cinéma. Sous la direction de John Schlesinger, Tom Courtenay(3), Ethel Griffies et Mona Washbourn y reprennent leur personnage respectif aux côtés notamment des fugitifs Finlay Currie (comédien écossais célébré grâce à son interprétation dans Great Expectations) et Julie Christie, tout à fait exquise dans son troisième rôle pour le cinéma.
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Malgré l'heure tardive rappelée par les véhémentes apostrophes de son père, William Terrence 'Billy' Fisher continue de rêvasser dans son lit comme il en l'habitude. Il s'imagine en héros de la guerre de libération d'Ambrosia, en président de cette utopique démocratie et en divers figurants du défilé de glorification du jeune couple placé à la tête de l'imaginaire république. A presque 9h30, Billy consent finalement à répondre à l'appel de sa mère, formulant quelques définitives résolutions comme de se mettre enfin à écrire son roman. En pyjama, imperméable et faux monocle, il rejoint sa grand-mère et ses parents à la table du petit-déjeuner, vaguement intéressé par le contenu d'un quotidien. Son père lui reproche ses tardives sorties, sa mère d'avoir été vu avec une jeune femme qui n'était pas sa fiancée Barbara.
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Billy leur annonce son prochain départ pour Londres où un emploi de scénariste lui a été offert par l'acteur de télévision Danny Boon. Ignorant ses parents blâmer son irrépressible besoin de mentir, il laisse à nouveau, tout en se rasant puis en se vêtant, libre cours à son imagination. Arrivé après 10h chez son employeur, l'entreprise de pompes funèbres Shadrack & Duxbury, Billy prétexte une brûlure nécessitant une visite chez le médecin. Il révèle à ses collègues Arthur Crabtree et Stamp sa ferme intention de démissionner. Au moment de la pause du déjeuner, il ne peut éviter Barbara venue l'attendre à la sortie du bureau. Ni les récriminations de son autre fiancée Rita, impatiente de récupérer sa bague de fiançailles prétendument confiée à un bijoutier.
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En compétition pour le 24e "Lion d'or" vénitien, nommé dans six catégories des BAFTA 1964(4), Billy Liar est souvent présenté comme l'exception souriante de la "British New Wave". Ce n'est qu'en partie vrai ; d'abord quelques autres productions de ce courant informel penchent aussi résolument vers le registre de la comédie (en particulier celles réalisées par Richard Lester), ensuite parce que le film de John Schlesinger illustre davantage une poésie un peu insensée qu'un comique de caractère, de situation ou de dialogues. Quoique éparpillé, parfois énigmatique (obscure et récurrente histoire de calendriers), le récit d'une journée de cet éternel enfant rêveur demeure néanmoins parfaitement cohérent. Les nuances du jeu de Tom Courtenay (The Loneliness of the Long Distance Runner) et la naturelle conviction de ce surprenant acteur à tenir un rôle si singulier(5) crée une rapide empathie et une solide adhésion. Agrément évidemment renforcé par les apparitions de la très charmante Julie Christie(6), laquelle crève littéralement l'écran au cours de la première d'entre elles, tout en mouvement et mimiques. "The most poetic of all actresses" (selon Al Pacino) avait déjà éclos.
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1. symbolisé par le twist (?), en vogue depuis 1961, danse sans contact, peu exigeant (contrairement au swing et au bop) en espace, "tortillage" idéal pour les maladroits et les timides.
2. et, selon certains indices, vaguement autobiographique.
3. remplaçant déjà sur scène du titulaire initial Albert Finney.
4. meilleurs film de toute origine, acteur, actrice, scénario, photographie (N&B) et film britanniques.
5. repris en 1973 par Jeff Rawle puis, six ans plus tard, par Steve Guttenberg dans deux séries télévisée.
6. appelée pour pallier la défaillance de Topsy Jane.

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