"Nothing exists outside to see."
Jack et son frère aîné Louis
partent chasser avant le lever du soleil. Le premier ramène, en le
tirant à la force des bras, un grand cervidé jusqu'à leur grande cabane
au milieu de la forêt où ils vivent avec leur mère. Frêle et comme
absente, celle-ci semble avoir peu à peu perdu une partie de ses
fonctions mentales. Une nuit, elle quitte la maison ; Jack part
au matin à sa recherche et la retrouve sans vie. Les deux frères
s'opposent avec fermeté à la volonté du médecin de transporter le corps à
la morgue. Après l'avoir mis en bière, ils entament, en remontant avec
elle la rivière, un long trajet dont ils sont seuls à connaitre la
destination.
Présenté à la "Quinzaine des réalisateurs" 2010 puis en sélection au Festival de Deauville, ce premier long métrage d'Alistair Banks Griffin
apparaît foncièrement elliptique. Sans éclairage sur les tenants et
aboutissants de ce drame familial, récit sur la fratrie et le deuil
privilégiant d'ailleurs les images aux dialogues, le spectateur se
trouve ainsi placé en situation d'étrangeté radicale. A la fois
intemporel et incarné, Two Gates of Sleep est un film brut, primitif, sorte de fable (sans véritable morale) d'un retour circonscrit à la loi de nature(1). Figure centrale du trio d'acteurs et associé au montage, Brady Corbet(2), révélé par Mysterious Skin, le porte littéralement avec une insolite énergie distante. Rugueux !
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1. les ruines d'une maison constituent le seul témoignage d'un passé commun.
2. à l'affiche du récent Martha Marcy May Marlene également produit par Josh Mond, promoteur d'Afterschool (dans lequel le deuil était aussi le ressort narratif principal) avec Andrew Renzi.
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