mercredi 19 octobre 2011

Naoussé (a perfect day)


"Arrête de faire souffrir ta mère."

 - film - 39010_14
Alors qu'il est encore endormi, Claudia confie à son fils Malek son hésitation, sa renonciation à effectuer la démarche qu'ils ont jusque-là toujours repoussée. Lui est bien décidé à l'accomplir enfin. Après une brève visite sur un chantier de reconstruction, Malek se met à la recherche de son amie Zeina. Il la trouve, la suit en voiture, l'appelle au téléphone mais la jeune femme ne veut ni le voir, ni lui parler. Elle lui échappe dans le trafic très dense de Beyrouth. Chez un avocat, Claudia consent à signer la demande de déclaration judiciaire du décès de son époux, Riad Hanna Abou Nassif, enlevé en avril 1988 et porté disparu depuis quinze ans. Dans le coffre du bureau de son père, Malek trouve un pistolet et des journaux, comportant des avis de disparition nécessaires à l'enregistrement de leur demande, qu'il emporte avec lui. Devant leur domicile, Malek refuse de rester avec sa mère et la dépose un peu sèchement. Il se rend ensuite dans un hôpital où une médecin lui annonce le résultat de l'examen auquel il s'est récemment prêté. Ses endormissements diurnes et réguliers seraient la manifestation d'un syndrome d'apnées du sommeil. Pendant que Claudia guette inquiète le retour de son fils, celui-ci tente vainement de joindre Zeina.
 - film - 39010_23
A Perfect Day aurait-il un quelconque rapport avec la célèbre ballade au titre identique de Lou Reed* ? Avec ce deuxième long métrage, le duo Joana Hadjithomas-Khalil Joreige relate une errance sentimentale (au sens d'attachement, ici maternel et amoureux) et urbaine. Chaîne narrative tissée sur une trame réelle et dramatique, celle des nombreux personnes disparues au Liban à la fin des années 1980. Autour des thèmes de l'absence, de la perte et du deuil, le scénario développe un intéressant et contrasté parallèle entre la quasi immobilité hiératique de Claudia et le capricieux mouvement, presque permanent s'il n'était suspendu par les effets périodiques du trouble du sommeil dont il souffre, de Malek. Cette interruption du flux respiratoire pourrait-elle traduire un désir subconscient de mort (ce que pourrait confirmer l'intérêt porté à l'arme à feu) ? Zeina apparaitrait-elle comme son ultime point d'ancrage avec l'existence ? D'autres motifs récurrents demeurent un peu nébuleux : la dépendance au tabac, les trois hommes mis à disposition (d'un homme politique ?), les messages illusoires et factices des affichages. Remarquablement cohérent pendant la première heure, A Perfect Day perd ensuite un peu de sa tenue et de sa justesse.
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*peut-être l'idée, ambiguë, de la chute du refrain : "You just keep me hanging on" (in "Transformer", 1972).

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