"L'alligator a suivi son instinct, c'est tout. On ne peut pas reprocher ça à quelqu'un."
Seul et unique film produit par Swampfilms et doté d'un budget de 3M$, Swamp Thing est une "formidable" série Z. Tourné dans les marais de Charleston (Caroline du sud), le film repose sur le comic book signé par Len Wein et Bernie Wrightson,
mais tout laisse à penser que le travail d'adaptation et de rédaction
du scénario n'a pas dû être trop exigeant. Il y a, bien sûr, une
filiation (jusque dans l'affiche) avec la Creature from the Black Lagoon de Jack Arnold, mais, ici, le végétal a remplacé le poisson. Plus fantastique que film d'horreur, il semble également surfer (flotter ?)
sur une vague écologique, celle du retour à la nature et de l'utopie de
nourrir et de soigner le monde grâce à la recherche scientifique.
L'histoire,
simplissime, est celle de la découverte d'une formule qui pourrait bien
répondre à cette dernière nécessité. Mais, convoitée par l'habituel
riche génie mégalomane, elle débouche sur un mélodrame, celui de la
transformation de son auteur, le dr. Alec Holland, en monstre végétal. Lequel n'aura de cesse de venger sa sœur, tuée par le commando envoyé par l'ignoble dr. Anton Arcane et de sauver celle dont il s'est épris, la masculine mais, sous certains aspects, féminine aussi, Alice Cable.
La
réalisation est au niveau de l'ambition scénaristique, c'est à dire
s'élevant assez peu au dessus de la surface de l'eau. D'ailleurs, on
passe les deux tiers du temps du film dans ou sur l'eau. Cela aide,
peut-être, à créer le contraste avec l'existence raffinée et confortable
du méchant. Et qui pousserait à un manichéisme
nature-bienfaisante/société-corruptrice. Car il y a, n'en doutons pas,
une philosophie dans le film que nous vous laissons découvrir, liée aux
propriétés de la solution chimique qui est au centre des (d)ébats.
Cela dit, ses faiblesses, manifestes, le condamnent ou font rire :
misogynie, erreurs grossières de script, un final grotesque... Un peu
d'humour et des connotations sexuelles* (il y a toujours de telles évocations dans les films fantastiques ou d'horreur) pour s'attirer quelques bonnes faveurs ne suffisent pas à le sauver.
L'interprétation est assez plate. Spécialiste des films de genre, Adrienne Barbeau y trouve un rôle physique, au sens opulent du terme, plus que psychologique. Louis Jourdan, lui aussi habitué, à cette époque, à jouer dans des petits films, est caricatural à souhait. Quant à Ray Wise, qui est au début de sa carrière, nous ne profitons de son jeu "naturel" que pendant la première demi-heure.
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*deux scènes coupées refont leur apparition sur le DVD, celle du
bain d'Alice Cable et de la première partie de la soirée donnée par
Anton Arcane.
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