"Jumping butterballs!"
En contrat avec la M.G.M., après avoir signé une partie de leurs meilleurs films avec la Paramount, les Marx Brothers sont "prêtés" à la RKO pour le seul film qu'elle tournera avec eux : Room Service. Plus qu'un film DES Marx, il faut plutôt parler d'un film AVEC les Marx
car on sent bien que, même si leur "folie comique destructrice" est
toujours présente à l'écran, elle est passablement édulcorée par une
mise en scène un peu conventionnelle.
Tiré de la pièce éponyme de Broadway, Room Service est un quasi huis-clos. Presque toute l'action se passe dans la chambre d'hôtel du producteur de théâtre fauché Gordon Miller
dont les seules préoccupations sont de ne pas s'en faire expulser et de
trouver un commanditaire pour sa prochaine pièce. D'autant que, grâce à
la complicité gênée de son beau-frère, le directeur de l'établissement,
il loge également, à crédit, sa troupe de 22 comédiens. Les choses se
gâtent lorsqu'un contrôleur vient mettre son nez dans les comptes et
réclame le paiement des notes.
William A. Seiter, plus connu pour ses films avec Shirley Temple, Fred Astaire ou Laurel et Hardy,
laisse assez peu de place à l'inventivité des acteurs principaux. Nous
avons droit, bien sûr, à quelques bons moments et jolies répliques, mais
il n'y a pas, comme nous y sommes habitués avec les Marx,
à cette avalanche délirante de rebondissements dans l'action et les
dialogues qui caractérise leurs œuvres de 1930 à 1935, avec pour pièces
maîtresses Duck Soup et A Night at the Opera. Dans ce contexte, les acteurs, même s'ils restent bons, ont du mal à trouver leur pleine dimension. Frank Albertson
interprète le souffre douleur complice et Donald MacBride, dans un de
ses premiers rôles, le méchant de la farce. Les actrices (Lucille Ball et Ann Miller), qui n'appartiennent pas à l'univers des Marx, sont, en revanche, très effacées.
En conclusion, Room Service mérite d'être vu, mais pour les novices des Marx Brothers, ce n'est pas le film par lequel il faut commencer la cure !
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