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"Je peux vous dire précisément ce que vous allez chercher demain matin à l'aéroport, mon petit Perrache : un piège à cons !"
Certaines comédies françaises des années 19701 ont indéniablement marqué leur temps, laissant au passage une empreinte durable. Parmi elles, Le Grand blond avec une chaussure noire jouit d'une réputation particulière pour diverses raisons. D'abord parce que ce film constituait un jalon décisif dans la carrière d'Yves Robert, comme l'avaient été auparavant La Guerre des boutons ("Prix Jean Vigo" 1962) et Alexandre le bienheureux (1968). Ensuite parce qu'il procèdait d'une collaboration inédite entre le cinéaste natif de Saumur et le Neuilléen Francis Veber, scénariste (pas encore réalisateur) à cette époque largement méconnu du grand public. Et qu'il permit à Pierre Richard d'accéder à une soudaine et considérable notoriété, y compris au-delà des frontières nationales. En raison enfin de plusieurs ingrédients, à la fois savoureux et mémorables, que je rappellerai plus loin.
A partir d'une vague situation générale avancée par Robert, Veber développe une intrigue assez loufoque de rivalité intestine et inavouée entre le colonel Louis Marie Alphonse Toulouse, directeur d'un service de renseignement, et son adjoint direct Bernard Milan. Une lutte au milieu de laquelle François Perrin, violoniste classique choisi presque au hasard, va servir à déjouer, sans qu'il en ait conscience, les sournoises manœuvres de Milan au service de son ambition. En bon artisan du cinéma, Yves Robert adapte le scénario à son goût tout en écoutant les suggestions formulées par Francis Veber. Associé une nouvelle fois à Alain Poiré2, il accepte l'idée d'engager Pierre Richard3 et Mireille Darc (les imposant même à la Gaumont). La sélective distribution réunie (l'excellent Bernard Blier en Bernard 'on tourne en rond' Milan, Jean Rochefort, Paul Le Person, Jean Carmet...) valorise évidemment la prestation comique de l'acteur lancé cinq ans plus tôt au cinéma par Serge Korber et le film dans son ensemble. Qui, enfin, a bien pu oublier la robe noire (faussement stricte car très décolletée... dans le dos !) créée par Guy Laroche pour Mireille Darc ou l'épatante bande musicale composée par Vladimir Cosma avec son compatriote roumain Gheorghe Zamfir à la flute de pan ?
N.B. : récompensé par l'un des cinq "Ours d'argent" remis lors de la 23e Berlinale, Le Grand blond avec une chaussure noire fit l'objet d'un remake, The Man with One Red Shoe, réalisé en 1985 par Stan Dragoti pour la Fox (les recettes commerciales n'amortirent qu'un peu plus de la moitié du budget) avec Tom Hanks dans le rôle principal.
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1. parmi lesquelles La Folie des grandeurs (1971) et Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury, L'Aile et la cuisse (1976) de Claude Zidi ou encore les deux premiers volets de la trilogie Les Bronzés (1978/79) de Patrice Leconte.
2. déjà partenaire à trois reprises depuis Signé: Arsène Lupin en 1959.
3. Claude Rich, dirigé dans Ni vu, ni connu (aux côtés de Louis de Funès) et dans Les Copains, était le premier choix du producteur-scénariste-réalisateur pour le rôle-titre. Pierre Richard, titulaire d'un personnage secondaire (Colibert) dans Alexandre le bienheureux, avait aussi collaboré avec Yves Robert à l'occasion de ses deux premières réalisations, Le Distrait (1970) et Les Malheurs d'Alfred (1972).
A partir d'une vague situation générale avancée par Robert, Veber développe une intrigue assez loufoque de rivalité intestine et inavouée entre le colonel Louis Marie Alphonse Toulouse, directeur d'un service de renseignement, et son adjoint direct Bernard Milan. Une lutte au milieu de laquelle François Perrin, violoniste classique choisi presque au hasard, va servir à déjouer, sans qu'il en ait conscience, les sournoises manœuvres de Milan au service de son ambition. En bon artisan du cinéma, Yves Robert adapte le scénario à son goût tout en écoutant les suggestions formulées par Francis Veber. Associé une nouvelle fois à Alain Poiré2, il accepte l'idée d'engager Pierre Richard3 et Mireille Darc (les imposant même à la Gaumont). La sélective distribution réunie (l'excellent Bernard Blier en Bernard 'on tourne en rond' Milan, Jean Rochefort, Paul Le Person, Jean Carmet...) valorise évidemment la prestation comique de l'acteur lancé cinq ans plus tôt au cinéma par Serge Korber et le film dans son ensemble. Qui, enfin, a bien pu oublier la robe noire (faussement stricte car très décolletée... dans le dos !) créée par Guy Laroche pour Mireille Darc ou l'épatante bande musicale composée par Vladimir Cosma avec son compatriote roumain Gheorghe Zamfir à la flute de pan ?
N.B. : récompensé par l'un des cinq "Ours d'argent" remis lors de la 23e Berlinale, Le Grand blond avec une chaussure noire fit l'objet d'un remake, The Man with One Red Shoe, réalisé en 1985 par Stan Dragoti pour la Fox (les recettes commerciales n'amortirent qu'un peu plus de la moitié du budget) avec Tom Hanks dans le rôle principal.
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1. parmi lesquelles La Folie des grandeurs (1971) et Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury, L'Aile et la cuisse (1976) de Claude Zidi ou encore les deux premiers volets de la trilogie Les Bronzés (1978/79) de Patrice Leconte.
2. déjà partenaire à trois reprises depuis Signé: Arsène Lupin en 1959.
3. Claude Rich, dirigé dans Ni vu, ni connu (aux côtés de Louis de Funès) et dans Les Copains, était le premier choix du producteur-scénariste-réalisateur pour le rôle-titre. Pierre Richard, titulaire d'un personnage secondaire (Colibert) dans Alexandre le bienheureux, avait aussi collaboré avec Yves Robert à l'occasion de ses deux premières réalisations, Le Distrait (1970) et Les Malheurs d'Alfred (1972).
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"- Il le fait exprès ou quoi ?
- Non Monsieur, il est toujours comme ça."
Le succès d'un film ne peut, seul, justifier une suite, il faut nécessairement qu'il ait laissé en suspens des questions et/ou une situation susceptible d'être utilement prolongée. Tel n'était pas le cas du Grand blond... L'argument véritable de ce Retour... tient du pur prétexte à visée commerciale... et le charme un peu insolite de l'original n'opère donc plus. Les écueils (i.e la farce niaise et le pastiche bondien*) que celui-ci avait su éviter semblent, hélas, ici presque revendiqués, la fadaise et les redites visiblement assumées. La faiblesse du scénario, les nouveaux acteurs (Michel Duchaussoy, Jean Bouise et Henri Guybet) et l'escapade carioca (destination exotique privilégiée des productions françaises depuis dix ans et un certain Philippe de Broca) sont plutôt source de contrariété qu'incitation à la curiosité, même tardive. Un des retours bien superflus du cinéma !
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*l'exploitation française de The Man with the Golden Gun débutait quatre jours après la sortie du Retour...
Le succès d'un film ne peut, seul, justifier une suite, il faut nécessairement qu'il ait laissé en suspens des questions et/ou une situation susceptible d'être utilement prolongée. Tel n'était pas le cas du Grand blond... L'argument véritable de ce Retour... tient du pur prétexte à visée commerciale... et le charme un peu insolite de l'original n'opère donc plus. Les écueils (i.e la farce niaise et le pastiche bondien*) que celui-ci avait su éviter semblent, hélas, ici presque revendiqués, la fadaise et les redites visiblement assumées. La faiblesse du scénario, les nouveaux acteurs (Michel Duchaussoy, Jean Bouise et Henri Guybet) et l'escapade carioca (destination exotique privilégiée des productions françaises depuis dix ans et un certain Philippe de Broca) sont plutôt source de contrariété qu'incitation à la curiosité, même tardive. Un des retours bien superflus du cinéma !
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*l'exploitation française de The Man with the Golden Gun débutait quatre jours après la sortie du Retour...
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