jeudi 11 octobre 2012

I Bambini ci guardano (les enfants nous regardent)


"... È un colpo terribile per un bambino."

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Premier véritable drame réalisé par Vittorio De Sica, I Bambini ci guardano scelle également sa longue et très fructueuse collaboration avec le Luzzareso Cesare Zavattini entamée auprès de Mario Camerini puis, uniquement de façon officieuse, à l'occasion de la production de la comédie Teresa Venerdì. Le film, achevé en 1942 mais sorti seulement deux ans plus tard, est une adaptation de "Pricò", le troisième roman, paru en 1924, du dramaturge et scénariste tarentin Cesare Giulio Viola. Un récit grave, funeste même, de surcroit peu conforme à la "morale" prônée par la déclinante dictature mussolinienne, dont le personnage central et principal témoin est un jeune garçon rudement balloté par l'inconstance sentimentale de sa mère.
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Par ce bel après-midi d'été, Mme Resta et sa voisine Nina abandonnent leur projet de séance de cinéma. Celle-ci emmène son jeune fils Pricò au jardin où, pendant que l'enfant s'amuse avec sa trottinette, elle retrouve son amant Roberto. L'homme, qui quitte Rome le soir même pour aller travailler à Gênes, souhaite convaincre Nina de l'accompagner. Pricò les aperçoit et les rejoint avant qu'ils ne se séparent. Après le dîner, une fois son époux Andrea parti à une assemblée de co-propriétaires et l'enfant couché, Nina quitte le domicile conjugal. Au matin, Andrea constate le départ de l'infidèle, laissant le soin à la bonne Agnese de l'annoncer à son fils. Il confie Pricò d'abord à sa belle-sœur, Mme Perelli, puis à sa mère qui vit à la campagne, le récupérant fiévreux et amaigri après une mésaventure nocturne. Inquiète de la santé de son fils, Nina lui rend visite ; Andrea accepte son retour pour le bien de l'enfant.
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Bien qu'ancré dans une réalité domestique, avec parfois de faux airs de documentaire, I Bambini ci guardano tranche quelque peu avec le neorealismo zavattinien. L'histoire précède, en effet, ici les évènements quotidiens sensés la façonner(1). Sa substance tragique la dissocie, en outre, du caractère universel généralement requis. L'épisode estival à Alassio, importante rupture narrative où se croisent sans vraiment se rencontrer classe populaire et personnalités mondaines, semble également un peu factice. Autre élément surprenant, la manière avec laquelle l'image de la femme se trouve malmenée, de la simple commère à l'égoïste romantique en passant par la délurée, aucune représentante du sexe dit faible n'est épargnée à l'exception d'Agnese, unique figure authentiquement maternelle du film interprétée par Giovanna Cigoli aux côtés de son propre fils, Emilio (second rôle dans Noi vivi et, peu après, dans Sciuscià), de l'étonnant Luciano De Ambrosis(2), âgé de cinq ans lors du tournage, et d'Isa Pola, grande vedette des années 1930.
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1. Ossessione de Visconti ou Ladri di biciclette du même De Sica fonctionnent bien, en revanche, selon la relation inverse.
2. le jeune Romain, dans son tout premier rôle au cinéma, aurait été choisi en raison de sa facilité à pleurer suite au récent décès de sa mère.

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