"... But never know for sure what lies beneath it?"
Entre deux films de genre assez décisifs pour la deuxième partie de sa carrière, Phantom of the Paradise grâce auquel s'est accrue sa notoriété internationale et Carrie (la plus appréciée de ses productions de la décennie 1970), Brian De Palma s'essaie à son premier thriller d'influence hitchcockienne. Première film produit par George Litto (ensuite promoteur de Dressed to Kill et Blow Out), Obsession constitue aussi l'unique collaboration du réalisateur avec Paul Schrader, qui venait de signer le scénario de Taxi Driver de l'également Italo-américain Martin Scorsese. Une contribution(1) qui reste cependant presque purement nominale en raison des réécritures et gommages opérés par De Palma. Inattendu succès commercial lors de sa sortie(2), le film souffre toutefois de maladresses narratives accentuées par les effets d'un léger phénomène de désuétude.
New Orleans, 1959. Les Courtland
ont organisé une réception dans leur luxueuse résidence à l'occasion du
dixième anniversaire de leur mariage. Une fois les convives partis, Michael et Elizabeth apprécient leur intimité retrouvée. Attirée dans la chambre de sa fille Amy par ses appels, Elizabeth
la découvre menacée par un homme armé d'un revolver avant d'être elle
même saisie et muselée par un complice. Dans la pièce désormais déserte,
Michael trouve une lettre le sommant de ne pas avertir la
police et de préparer cinq cent mille dollars. Quoique déterminé à payer
la rançon réclamée, 'Court' finit par suivre les rassurantes recommandations données par l'inspecteur Brie.
Sur le quai longé par un bateau à aubes, l'homme d'affaires jette une
valise contenant des liasses de papier et un émetteur. Cernés par la
police, les kidnappeurs parviennent néanmoins à s'enfuir avec leurs
victimes. Au cours de la poursuite consécutive, leur véhicule en heurte
un autre sur un pont, explose et sombre dans les eaux du Mississippi.
1975. Veuf inconsolable en raison de la culpabilité qu'il éprouve, Michael se résout pourtant à accompagner son associé Robert LaSalle à Florence. En marge de réunions professionnelles, il visite l'église dans laquelle il avait, après la guerre, rencontré Elizabeth.
Il y remarque une jeune historienne de l'art, chargée d'assister le
restaurateur d'une peinture murale, dont la ressemblance avec sa défunte
épouse le frappe. Après l'avoir suivi jusqu'à un hôpital puis chez
elle, il décide de prolonger son séjour pour faire sa connaissance ;
réticente à diner avec lui, Sandra Portinari accepte son invitation à déjeuner.
Hommage (plus que véritable remake) rendu à Vertigo, l'une des pièces maitresses de la période étasunienne d'Hitchcock, Obsession s'y abreuve avec une ivresse contenue. S'il partage avec l'adaptation du roman de Boileau-Narcejac
les thèmes de la perte de la femme aimée, de la rencontre de son sosie
et de la seconde chance mais aussi certains aspects de technique
cinématographique sans oublier le compositeur Bernard Herrmann (déjà à l'œuvre sur Sisters), le huitième long métrage de Brian De Palma se révèle être davantage un mélodrame trouble qu'un authentique film de suspens névrotique. Une question lancinante se pose (s'impose !)
pendant la deuxième partie : où tout cela nous mène-t-il ? Osée pour
certains, la réponse en forme de vengeance et d'escroquerie larvées
apparaît aisément absurde, voire ridicule pour d'autres. Le choix, aux
côtés d'une Geneviève Bujold un peu effacée, et la prestation sans relief de Cliff Robertson(3)
ne plaident pas non plus en faveur d'un film dont l'atout le plus
significatif demeure sans doute la photographie atmosphérique de Vilmos Zsigmond.
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1. très long et complexe script (également inspiré du Sanma no aji d'Ozu) rédigé sous le titre "Deja Vu".
2. une année au cours de laquelle se distinguent Rocky, All the President's Men, Network ou encore Marathon Man.
3. dont la carrière avait trouvé, grâce à Charly, un second souffre. Le partenaire d'Henry Fonda dans The Best Man, décédé en septembre dernier, avait été envisagé par Hitchcock pour tenir le rôle de Sam Loomis, l'amant de Marion Crane, dans Psycho.
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