"Le maître à son esclave."
La
tragédie de Pompéi a, depuis toujours, inspiré le cinéma. On possède,
en effet, la trace d'un court-métrage britannique sur le sujet daté de
1900. En 1935, les deux créateurs de King Kong, Schoedsack et Cooper, sortent leur version, suivie par celles du français Marcel L'Herbier et d'un autre duo, Mario Bonnard-Sergio Leone. Plus largement, les éruptions volcaniques ont trouvé, "naturellement", leur place dans le film catastrophe, comme par exemple Le Pic de Dante de Roger Donaldson.
Par ailleurs, les événements des villes ensevelies de la baie de Naples
ont fait l'objet de documents filmés historiques et scientifiques.
L'intéressante particularité du Dernier jour de Pompéi
est de se situer à la frontière des deux genres : romancé comme un film
commercial et rigoureux comme une oeuvre de science. Le Vésuve n'est
plus seulement un prétexte, une "toile de fond", il devient un
personnage et acteur à part entière du récit. On s'intéresse, avec
précision, à son "caractère" et à ses manifestations comme on le fait,
habituellement dans un bon film, pour un rôle principal. Ce mélange est
la grande force du téléfilm de la BBC.
Nous assistons donc aux dernières heures de deux groupes de pompéiens, la famille de Polybius et le trio Stephanus-Fortunata-Hedone. Polybius est un riche maître qui a des ambitions politiques. Au moment des faits, sa fille aînée est enceinte de sept mois. Stephanus est le propriétaire d'une foulerie, ancêtre de nos teintureries, marié à Fortunata et amant de l'esclave Hedone. En plus de ces deux groupes, l'historien Pline l'Ancien et son neveu, Pline le Jeune
suivent le déroulement des différentes étapes de l'éruption de l'autre
côté de la baie napolitaine. Le premier mourra en voulant observer de
près cette catastrophe naturelle et porter assistance aux personnes en
danger. Le second est l'auteur de l'unique document écrit sur ces
événements (cf lien sur la page film).
Le
choix de ces personnages repose sur les informations archéologiques que
possédaient les créateurs du téléfilm. Sites, ossements ou moulages des
corps, objets retrouvés sont à l'origine de l'écriture d'un scénario
qui ne s'empêche, malgré tout, quelques libertés romanesques. Nous
partageons donc les derniers instants de la vie de ces personnages réels
et ressentons, avec eux, la terrible agonie qui les a frappé.
Parallèlement, sont rappelées et expliquées, avec un détail essentiel,
les différentes étapes de l'éruption du Vésuve, ces 24 et 25 août 79.
Sur environ dix-huit heures, se sont succédés secousses sismiques
annonciatrices, éclatement du cratère bouché depuis mille cinq-cents ans
projetant un panache de fumée qui atteindra une distance de
trente-trois kilomètres de hauteur, retombée de millions de tonnes de
pierres ponce et de cendre. Dans la nuit, la cité voisine d'Herculanum
disparaît sous une nuée ardente (coulée pyroclastique). Une
seconde coulée, le 25 août, recouvre Pompéi, précédée par l'émanation
d'un mélange de dioxyde de carbone et d'anhydre sulfureux qui brûlent
yeux et gorges et déciment les dix ou quinze mille habitants. Pompéi est
restée pendant quinze cents ans sous six mètres de terre. C'est le
banal creusement d'un puits dans un couvent par un paysan, sur le site
d'Herculanum, au XVIIIe siècle, qui va être le point de départ de
fouilles gigantesques, qui se poursuivent encore aujourd'hui, dans toute
la Campanie.
Sur
le plan de la réalisation, il ne faut pas s'attendre à une production
hollywoodienne. Nous l'avons vu, le téléfilm a une double vocation,
éducative et de divertissement. Le budget alloué par la chaîne publique
britannique n'a pas dû être très élevé. Les décors naturels de Monastir (Tunisie)
ont été retenus pour la tournage. Mais le résultat, même s'il n'est pas
très spectaculaire, atteint ses objectifs. Seuls regrets, un doublage
et une narration en français un peu théâtraux et un format 1.77 qui ne
met pas en valeur la dimension monumentale des faits.
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