... ou "le crépuscule des idoles". La guerre est une chose
effroyable et détestable. Mais la période qui précède la défaite est
probablement la plus détestable de toutes.
Ce film de John Guillermin est très certainement sa meilleure réalisation, avec Le Crépuscule des aigles,
de la fin des années 60. Il décrit très bien la perte des illusions,
tant du côté des vaincus que de celui des futurs vainqueurs.
Basé sur des faits historiques, le cours de l'action est moins limpide
que ne le laisse présager le résumé qui précède : Les allemands comme
les alliés souhaitent, dans un premier temps, détruire le pont de
Remagen sur le Rhin. Les premiers pour empêcher l'entrée trop aisée des
ennemis dans le "cœur" de l'Allemagne ; les seconds, pour couper toute
retraite et capturer 70 000 allemands. Le major Paul Kreuger (Robert Vaughn) et le général von Brock (Peter van Eyck)
décident d'enfreindre les ordres et de tenter de tenir le pont. Les
américains, eux aussi, dans la perspective d'une avancée rapide vers
Berlin (les russes ont pris de l'avance !), décident finalement de s'en emparer (vous suivez ?).
La réalisation de Guillermin
est d'une facture classique. Les scènes de combat sont nombreuses bien
qu'il subsiste un espace pour développer la psychologie des
protagonistes. Le lieutenant Phil Hartman interprété par George Segal est le plus intéressant. Mécanique froide au service des ordres, parfois insensés, de l'état-major relayés par le falot major Barnes (Bradford Dillman),
il craque d'épuisement et d'écœurement quand un groupe de ses hommes
est abattu et qu'il croît perdre son souffre-douleur, le sergent Angelo (Ben Gazzara) dans l'une des scènes les plus fortes du film. C'est toujours un plaisir de retrouver le souriant Ben Gazzara,
même en "dépouilleur" de victimes, cynique mais encore humain. L'un des
premiers dialogues entre les deux hommes donne le ton : "- Espèce d'ordure" clame Hartman. "- Moi aussi je vous aime, lieutenant" lui répond Angelo.
Robert Vaughn est presque crédible en officier allemand moralement malmené par cette fin de guerre.
Le Pont de Remagen n'est pas un grand film. Il ne brille ni par l'originalité de son scénario ni par celle de sa mise en scène. La partition Elmer Bernstein
n'est pas, non plus, très inspirée. Mais pour le fait historique relaté
et l'interprétation, il se laisse cependant voir sans déplaisir.
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