"Stachel... Vous savez, il y a du cobra en vous"
Le réalisateur britannique John Guillermin est surtout connu du public pour sa Tour infernale.
Pourtant, il a une réelle affection pour le film d'aventure et en
particulier celles qui se déroulent pendant la guerre. Pour preuve ses I Was Monty's Double, Guns at Batasi ou encore The Bridge at Remagen (qui fait l'objet d'une critique sur le site).
Avant ce dernier, il s'était attelé à une adaptation difficile du roman de Jack D. Hunter, "The Blue Max",
car il a pour cadre l'aviation militaire en 1918, pendant la première
guerre mondiale. Bien sûr, il a été précédé par des oeuvres restées
célèbres, telles Wings de William A. Wellman en 1927 (le premier film récompensé par un "Oscar", en 1929), Hell's Angels de Howard Hughes et Edmund Goulding en 1930 ou encore les deux versions de The Dawn Patrol, celle de 1930 de Howard Hawks et celle de 1938 du même Edmund Goulding avec Errol Flynn.
The Blue Max
est assez fidèle à l'ouvrage, c'est à dire, outre le respect du récit,
sérieux et documenté. Presque trop sérieux, il manque, en effet, un peu
de fantaisie et d'originalité dans le traitement classique que propose Guillermin.
Il y avait sûrement matière à créer la surprise, et donc l'attachement,
à partir de cette histoire intéressante d'un soldat de l'infanterie
allemande d'extraction modeste, le Lieutenant Bruno Stachel (George Peppard), qui rejoint "l'aristocratie" de l'armée, l'aviation (naissante, dont le rôle devient progressivement déterminant),
constituée de fils de familles nobles à l'esprit chevaleresque.
Volontairement isolé, irrespectueux des règles et des ordres, sa seule
façon de prouver sa valeur est d'obtenir la prestigieuse décoration qui
donne son nom au film ("Pour Le Mérite") et de séduire la frivole et fantasque épouse (Ursula Andress) du Général von Klugermann (James Mason). Pour cela, il doit rivaliser avec le décoré Willi von Klugermann (Jeremy Kemp), amant et neveu par alliance de celle-ci et s'affranchir de l'autorité "castratrice" du Capitaine Otto Heidemann (Karl Michael Vogler). Il succombera (au sens premier du terme) à deux ennemis imprévus : l'amour et la politique.
Les
scènes aériennes sont, au bout du compte, les plus intéressantes : on y
voit l'aviation militaire sous ses différents aspects : combat aérien,
appui des forces au sol, raid. Certaines invraisemblances techniques
apparaissent à ces occasions : le pilotage à une main, les bombes
placées sous des avions qui n'en ont jamais portés, certaines phases de
duels aériens. La campagne irlandaise ne ressemble pas non plus à celle
de la Picardie. Mais là n'est pas l'essentiel. Autour de ces séquences
primordiales, le film a du mal à trouver son rythme. D'autant qu'il
"s'étire" sur (tout) près de deux heures trente avec entracte. Au final, si l'on exclut la chute (c'est le cas de le dire !)
du film, c'est l'évolution d'un homme, l'éloignement de ses origines
qui retiennent l'attention. Si, au début, on le voit concerné par son
environnement et avoir de la sympathie pour les autres, il n'est, à la
fin, qu'un pion ridicule, inapte à voir son échec et celui de
l'Allemagne, et dont on se joue dans un sordide jeu de vanité.
Acteur souvent vu dans des films du genre, George Peppard est assez à l'aise dans son costume d'aviateur (d'autant qu'il tient réellement le "manche à balai" dans certaines scènes)
mais son interprétation est un peu binaire. Il n'y a pas de place pour
l'inquiétude et le tourment dans son personnage et c'est dommage pour
l'intérêt du film. C'est vraisemblablement Karl Michael Vogler qui offre
la prestation la plus convaincante parce que la plus riche
psychologiquement. Il y a de la détermination mais aussi du doute, voire
du désespoir chez Otto Heidemann.
James Mason en Général opportuniste et calculateur est un peu caricatural. La légèreté et l'émotion d'Ursula Andress sont un peu convenues. Comme l'est également la musique de Jerry Goldsmith, spécialiste de la musique du film de guerre (Patton et Tora! Tora! Tora!, c'est lui !). On en vient à oublier qu'il a composé celle de La Planète des singes et d'Alien.
Une dernière chose encore : la guerre s'est heureusement arrêtée en 1918. Quelques années de plus et il y aurait
eu pénurie de champagne ! S'il y a des spécialistes, pourraient-ils me
confirmer la valeur du millésime 1903 et sa qualité après quinze ans
d'âge ?
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