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"Ah ma pauv' dame, c'est pas ici qui faut le chercher ; faites-moi confiance, sa vie est ailleurs !"
Toute première adaptation d'un roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, Les Diaboliques n'a, plus d'un demi-siècle après sa production, rien perdu de sa force narrative et de ses remarquables atouts artistiques. Le neuvième long métrage d'Henri-Georges Clouzot, l'une des meilleures œuvres du cinéaste natif de Niort, demeure aussi une référence majeure du drame criminel. Influencés de manière explicite par le recueil de nouvelles "Les Diaboliques" (1874) de Jules Barbey d'Aurevilly1, Clouzot et Jérôme Géronimi (déjà associés sur Le Salaire de la peur) décident de bouleverser assez sensiblement l'intrigue triangulaire qui fonde "Celle qui n'était plus"2 (1952). Le complot ourdi contre Mireille par son époux Fernand Ravinel, représentant de commerce, et son amante Lucienne laisse ainsi la place à une tentative d'assassinat d'un directeur de pension scolaire organisée par sa maîtresse aidée, un peu à contre-cœur, par la femme trompée de cet individu brutal et ignominieux.
La première partie du métrage s'emploie d'ailleurs à souligner l'opposition de caractères très marquée entre ces inusitées complices. Après un bref mais décisif "dépaysement" provincial, le film prend une tonalité différente, caractérisée par une progressive tension dramatique teintée d'illogique (d'irréel ?) et par un acmé quasi horrifique. Autant d'éléments parfaitement maîtrisés par Henri-Georges Clouzot en équipe une sixième et pénultième fois avec l'adroit Armand Thirard (régulier directeur de la photographie de Julien Duvivier). La qualité de la distribution ne laisse évidemment pas indifférent, emmenée par un duo de femmes contrasté. La formidable Simone Signoret, dont les talents venaient brillamment d'être soulignés par Jacques Becker et Marcel Carné, est en effet ici associée à Véra Clouzot3, la convaincante épouse brésilienne du producteur-réalisateur. Paul Meurisse, expressive incarnation de l'abjection, Charles Vanel (qui apparaît tardivement dans le récit), Pierre Larquey, Michel Serrault, Jean Brochard, Robert Dalban, Jacques Hilling, Jean Lefebvre ou encore Noël Roquevert tenant solidement les variés seconds rôles des Diaboliques, "Prix Louis Delluc" 1954. A noter enfin, parmi les jeunes classes, la participation de Georges Poujouly (co-vedette du récent Jeux interdits) et d'Yves-Marie Maurin, le frère aîné de Patrick Dewaere.
N.B. :
. le roman a fait l'objet de quatre autres adaptations : le britannique The Corpse (1971) de Viktors Ritelis, les téléfilms étasuniens Reflections of Murder (1974) de John Badham et House of Secrets (1993) de Mimi Leder auxquels s'est ajouté Diabolique (1996) réalisé par Jeremiah Chechik pour la Warner, avec Sharon Stone et Isabelle Adjani dans les rôles principaux.
. la posture similaire adoptée par Nicole Horner puis par Michel Delassalle derrière Christina (voir galerie) offrirait-elle une implicite convergence ?
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1. cité ("une peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu'elle donne l'horreur des choses qu'elle retrace") en introduction du film.
2. première œuvre éditée du duo d'écrivains dont Alfred Hitchcock voulait acquérir les droits d'adaptation. Afin d'estomper la désillusion de celui-ci, Boileau-Narcejac écrivirent à son intention "D'entre les morts" (1954) à l'origine de Vertigo.
3. victime cinq ans plus tard... d'une crise cardiaque !
La première partie du métrage s'emploie d'ailleurs à souligner l'opposition de caractères très marquée entre ces inusitées complices. Après un bref mais décisif "dépaysement" provincial, le film prend une tonalité différente, caractérisée par une progressive tension dramatique teintée d'illogique (d'irréel ?) et par un acmé quasi horrifique. Autant d'éléments parfaitement maîtrisés par Henri-Georges Clouzot en équipe une sixième et pénultième fois avec l'adroit Armand Thirard (régulier directeur de la photographie de Julien Duvivier). La qualité de la distribution ne laisse évidemment pas indifférent, emmenée par un duo de femmes contrasté. La formidable Simone Signoret, dont les talents venaient brillamment d'être soulignés par Jacques Becker et Marcel Carné, est en effet ici associée à Véra Clouzot3, la convaincante épouse brésilienne du producteur-réalisateur. Paul Meurisse, expressive incarnation de l'abjection, Charles Vanel (qui apparaît tardivement dans le récit), Pierre Larquey, Michel Serrault, Jean Brochard, Robert Dalban, Jacques Hilling, Jean Lefebvre ou encore Noël Roquevert tenant solidement les variés seconds rôles des Diaboliques, "Prix Louis Delluc" 1954. A noter enfin, parmi les jeunes classes, la participation de Georges Poujouly (co-vedette du récent Jeux interdits) et d'Yves-Marie Maurin, le frère aîné de Patrick Dewaere.
N.B. :
. le roman a fait l'objet de quatre autres adaptations : le britannique The Corpse (1971) de Viktors Ritelis, les téléfilms étasuniens Reflections of Murder (1974) de John Badham et House of Secrets (1993) de Mimi Leder auxquels s'est ajouté Diabolique (1996) réalisé par Jeremiah Chechik pour la Warner, avec Sharon Stone et Isabelle Adjani dans les rôles principaux.
. la posture similaire adoptée par Nicole Horner puis par Michel Delassalle derrière Christina (voir galerie) offrirait-elle une implicite convergence ?
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1. cité ("une peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu'elle donne l'horreur des choses qu'elle retrace") en introduction du film.
2. première œuvre éditée du duo d'écrivains dont Alfred Hitchcock voulait acquérir les droits d'adaptation. Afin d'estomper la désillusion de celui-ci, Boileau-Narcejac écrivirent à son intention "D'entre les morts" (1954) à l'origine de Vertigo.
3. victime cinq ans plus tard... d'une crise cardiaque !
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