mercredi 18 avril 2012

Sedotta e abbandonata (séduite et abandonnée)


"Riparabilissimo."

 - film - 19770_7
Réalisé par Pietro Germi entre Divorzio all'italiana et Signore & signori, Sedotta e abbandonata possède avec eux quelques points communs. Produit comme le premier par le Turinois Franco Cristaldi, il partage également le lieu de tournage (la Sicile) et la présence de Stefania Sandrelli. Avec le second, le rapprochement s'opère par l'influence prépondérante du scénariste trévisan Luciano Vincenzoni (avec lequel Germi a déjà collaboré sur Il Ferroviere). Pourtant, cette ultime comédie dramatique du cinéaste s'en démarque aussi assez nettement. Ne serait-ce que par le rôle central, déterminant tenu par le Catanais Saro Urzì récompensé à Cannes(1) où le film était en compétition pour la dix-septième "Palme d'or".
 - film - 19770_16
Agnese Ascalone se rend à l'église pour confesser le péché de luxure qu'elle vient de commettre. La jeune femme âgée de seize ans a en effet succombé, presque sans résistance, à l'inattendu et enfiévré assaut de son futur beau-frère Giuseppe 'Peppino' Califano, profitant de la sieste de Matilde et du reste de la famille Ascalone. Le prétendu carabin, désormais gêné à l'égard de sa gironde fiancée et de sa victime consentante chez laquelle il suscite un paradoxal mélange de colère et de passion. 'Peppino' craint à tort qu'Agnese ne révèle leur inavouable liaison. Francesca, la mère de celle-ci, découvre un préoccupant fragment du message destiné à 'Peppino' dans lequel il est question d'abandon à la débauche. Une sage-femme, amenée d'une autre ville, confirme la perte de virginité. En refusant de révéler le nom de son amant, Agnese déclenche la colère de son père Vicenzo. Ce dernier perd connaissance lorsque l'employé d'un laboratoire d'analyses annonce la grossesse de la jeune femme. Convaincu par élimination que 'Peppino' est le père de l'enfant, Vincenzo enferme Agnese dans sa chambre puis se rend chez les Califano pour forcer le coupable de rompre avec Matilde et pour obtenir réparation du préjudice.
 - film - 19770_30
En Sicile (qui, décidément, "défigure" tant la péninsule italienne aux yeux du carabinier en chef Polenza !), on ne plaisante pas avec la réputation familiale et l'honneur. Avec une drôlerie parfois extravagante, Sedotta e abbandonata tend presque à l'excès ce ressort narratif tout en déclinant les définitions possibles de l'expression "avoir des relations". Comédie de mœurs, le film de Pietro Germi semble aussi prend un malin plaisir à explorer des pistes qu'il ne développe pas réellement, au risque de paraître volontiers excentrique. L'église, la maréchaussée, la justice ainsi que l'aristocratie (ruinée) sont tour à tour mobilisées pour tenter de démêler les fils de cet imbroglio cocasse et souvent absurde(2). Presque débutante lorsqu'elle était Angela dans Divorzio all'italiana, Stefania Sandrelli se fait ici voler la vedette par le tonitruant Saro Urzì (sorte de Raimu transalpin), titulaire d'un second rôle, celui du maréchal Grifò, dans In nome della legge du même Germi(3). Sans doute un peu moins subtil que Divorzio all'italiana, Sedotta e abbandonata n'en reste pas moins une farce vraiment savoureuse.
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1. prix d'interprétation partagé avec le Hongrois Antal Páger (Pacsirta).
2. parodié dans Sedotti e bidonati de Giorgio Bianchi.
3. également acteur de la franchise Don Camillo, d'Il Ferroviere ou encore d'Un Maledetto imbroglio.

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