"Nous vivons dans un monde vulgaire et commercial, sans foi ni confiance."
Antépénultième film de William Wyler et le dernier des trois tournés avec Audrey Hepburn, How to Steal a Million
est une gentille comédie romantique qui n'a, de toute évidence, pas la
prétention de concurrencer les œuvres maîtresses du réalisateur des
années 1930-40. Il est vrai que, depuis la fin de la collaboration avec
le chef opérateur Gregg Toland,
le style est moins inspiré, l'académisme plus figé. Ce qui frappe,
néanmoins, c'est la capacité du cinéaste à changer de genre, le film
venant juste après l'inquiétant The Collector. Tiré d'une idée de George Bradshaw (auquel on doit The Bad and the Beautiful de Minnelli), et tourné à Paris, il présente un couple inédit au cinéma... pour le meilleur et pour le pire.
Charles Bonnet (Hugh Griffith)
est un collectionneur d'œuvres d'art... qu'il a souvent reproduit
lui-même car il est aussi un remarquable faussaire capable de rendre ses
Van Gogh meilleurs que les originaux. Une de ses toiles, signé Cézanne,
vient de se vendre au cours d'une vente aux enchères pour une somme
très élevée. Sa fille, Nicole (Audrey Hepburn), met en garde son cher "Pâpaaa"
des dangers de son activité, surtout quand il lui donne une telle
publicité. Celui-ci n'en a cure et va confier son joyau, une
reproduction de la "Venus de Cellini" exécutée par son propre père, à un musée français pour une importante exposition.
Pendant la nuit qui suit, Nicole
surprend un homme qui s'est introduit dans leur hôtel particulier et
qui semble vouloir emporter le Van Gogh tout frais du matin. Le prenant
pour un voleur, elle le blesse mais accepte de ne rien dire et va
jusqu'à le raccompagner jusqu'au Ritz où il réside. En réalité Simon Dermott (Peter O'Toole) est un détective chargé de s'assurer de l'authenticité des œuvres de Charles Bonnet.
Ce dernier, sans y prendre garde, signe une police d'assurance pour sa
statuette exposée. Conséquence logique : elle devra être expertisée par
une autorité dans le domaine. Pour éviter la catastrophe, Nicole a l'idée de recruter Simon,
qu'elle prend toujours pour un cambrioleur, afin de voler la statuette.
L'acheteur est tout trouvé : un riche homme d'affaire américain, Davis Leland (Eli Wallach), prêt à ne garder l'objet tant convoité que pour son seul plaisir. Pendant les manœuvres, Nicole et Simon s'éprennent l'un de l'autre.
Presque distrayant mais un peu long, How to Steal a Million ne joue pas dans la même catégorie que Charade de Stanley Donen, déjà avec Hepburn, ou qu'un Pink Panther d'Edwards
auquel il fait penser, mais en nettement moins drôle. L'intrigue est
intéressante en soi mais elle se perd dans des scènes accessoires
surtout destinées à nous faire visiter Paris. Au passage, Wyler
n'évite pas les poncifs et autres idées reçues sur la France et les
français, présentés comme une société surtout décorative et figée,
peuplée pas des imbéciles qui taquinent la bouteille. Le scénariste va
même jusqu'à faire appeler le Président de la République (De Gaulle à cette époque, si je ne m'abuse !) "Son Excellence" par un gardien-chef de musée, comme s'il n'était qu'ambassadeur dans son propre pays.
On a, bien sûr, la joie de revoir la plus que charmante Audrey Hepburn, impeccablement et magnifiquement "costumée" par Givenchy et dont l'éclat surpasse les bijoux Cartier qu'elle porte. Mais on ne peut que repenser avec regret à sa belle prestation dans Roman Holiday, dix ans plus tôt. D'autant que Gregory Peck constituait un bien plus convaincant cavalier que Peter O'Toole. Cet acteur est une pure merveille... quand le film lui laisse de l'espace. Or, malgré le titre, How to Steal a Million est un "placard à balais" pour lui, surtout après l'avoir vu dans Lawrence of Arabia et le tout récent et splendide Lord Jim. Je n'ai jamais été sensible au talent comique ou de séduction (classique) de cet acteur, ce film ne me fait pas changer d'avis. La force d'O'Toole est ailleurs et "ici, il est, désespérément, là !". Hugh Griffith est le meilleur du trio, acteur de Wyler dans Ben-Hur et qui retrouve son partenaire de Poppy Is Also a Flower, Eli Wallach. Mentionnons les seconds rôles français : Marcel Dalio (La Grande illusion, La Règle du jeu), Jacques Marin, fidèle à lui-même, devenu un habitué des productions américaines (The Train, il jouait déjà dans Charade) et le batteur Moustache qui avait fait une apparition dans l'Irma la Douce de Wilder.
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