"No, no, this is not a metaphor, it is a souvenir."
L'œuvre survit presque toujours à l'artiste ; son modèle parfois aussi. Cinéaste indépendante explorant le processus créatif, Marion Cajori nous a laissé ce documentaire posthume consacré à Louise Bourgeois, décédée un peu moins de quatre ans plus tard. Après la peintre expressionniste et abstraite Joan Mitchell, avant le graphiste-photographe Chuck Close, c'est donc la sculptrice-plasticienne d'origine française qu'elle avait choisie, dès 1993, de suivre, interroger et raconter un peu. La mémoire et le récit occupent, en effet, une place très significative dans les façonnages et dispositifs de la Parisienne de naissance installée* à partir de 1938 à New York. Forme d'anamnèse traumatique, alimentée par des peurs et douleurs de l'enfance.
"It shows that it is really the anger that makes me work." Personnage insolite, original et à bien des égards attachants, Louise Bourgeois surmonte son appréhension de se livrer pour nous laisser brièvement pénétrer dans les arcanes de son travail et des ferments biographiques dont il s'est nourri. Emplie tour à tour de colère, de gentillesse ou de malice, la fille de "L'Araignée"(pour comprendre les autres sous-titres du film, vous n'échappera à son visionnage !) ne vise pas nécessairement la clarification ("It is obvious. Okay. So that's it. No?"). Davantage de mettre en lumière une production reconnue tardivement, traduction conceptuelle et expressive des émotions sincères et antagonistes, destructo-réparatrice ("I do, I undo, I redo") qui l'animent. Exigeant mais abordable, plus académique que le remarquable El Sol del membrillo de Víctor Erice et Antonio López García, Louise Bourgeois: The Spider, the Mistress and the Tangerine mérite assurément notre attention.
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*suite à son mariage avec l'historien d'art américain Robert Goldwater.
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