dimanche 1 mai 2016

The November Man

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"I don't hate him. No. He's probably the best friend I've ever had."

A trop utiliser des ficelles narratives et des recettes de réalisation presque identiques, ce type de production n'impressionne plus vraiment le spectateur averti et, en forçant le trait, s'oublie à peine le générique de fin déroulé. Sans mériter le qualificatif de film médiocre, cette adaptation (initiée près de dix ans auparavant), tournée à Belgrade et dans le Montenegro, de l'un des romans* du journaliste-écrivain étasunien Bill Granger ne réussit pas à se démarquer et connait donc le même sort. Le choix de l'Australien , au parcours quelque peu chaotique**, à la direction ne suffit pas non plus pour constituer en soi un argument de poids. Seule la présence, plutôt convaincante, de  peut susciter a priori la curiosité. D'autant que le natif irlandais et son associé et complice, le producteur Beau St. Clair, ont jeté leur dévolu sur l'Ukrainienne  (partenaire de son successeur, à l'occasion d'un volet il y a déjà six ans, dans une célèbre franchise d'action-espionnage !) pour tenir le personnage féminin principal. La prestation de  (compatriote du réalisateur et remplaçant de Bradley Cooper) ou celle de  (surtout connu pour ses rôles à la télévision) s'avère en revanche bien plus quelconque. Une sequel a été annoncée en juin 2014, soit avant l'exploitation commerciale, d'ailleurs assez encourageante (32,5M$ De recettes dont 25M$ aux Etats-Unis pour un budget d'environ 15M$), de The November Man.
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*"There Are No Spies" publié en 1987 (septième volume d'une série de treize), premier scénario écrit par  (Oblivion) avec .
**de No Way Out (1987) à Seeking Justice (2011) en passant par  Thirteen Days (2000) et The Bank Job (2008).  avait déjà dirigé  dans Dante's Peak (1997).



jeudi 28 avril 2016

Ex Machina

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"Caleb, you have to help me."

Remarquable première réalisation du Londonien 1, Ex Machina apparaît vite comme une œuvre assez captivante, à la croisée des chemins entre film de science-fiction réaliste et drame psychologique en (quasi) huis clos. Dans un segment (celui des humanoïdes et de l'intelligence artificielle2) plutôt fécond, cette production britannique pilotée par l'Ecossais Andrew Macdonald3 réussit en effet à faire preuve d'une réelle originalité, tant sur le plan narratif que formel. L'auteur de The Beach inscrit son récit dans un futur proche, n'ayant pas connu de saut technologique et/ou environnemental trop conséquent.
Brillant programmeur au sein de BlueBook, société de services informatiques notamment du plus utilisé moteur de recherche, Caleb Smith découvre un matin qu'il est l'heureux gagnant d'une loterie réservée au personnel. L'employé est ainsi invité à passer une semaine chez Nathan Bateman, le président-fondateur de l'entreprise. Reclus dans une demeure innovante, placée sous protection permanente au cœur d'un site isolé en montagne, celui-ci y a conçu et réalisé un robot humanoïde nommé Ava. Nathan souhaite profiter de la présence, présumée informelle et amicale, de son collaborateur pour lui proposer de soumettre Ava au test de Turing. Au cours des sept sessions d'entretien, Caleb va peu à peu s'attacher à son insolite interlocutrice, découvrant dans le même temps la nature narcissique et cruelle de son hôte adepte de boissons alcoolisées.
L'astucieux scénario imaginé par 4 mêle étroitement des enjeux technologiques et humains. L'histoire joue volontiers aussi sur les contrastes : résidence abritant un centre de recherches avancées implantée dans un environnement naturel préservé (splendides paysages norvégiens), cohérence apparente-désordre/trouble intérieur, lumière tamisée-alerte rouge de panne électrique étant, de ce point de vue, les plus symboliques ou chargés de sens. Sans évoquer, bien entendu, les récurrentes, implicites rivalités entre supérieur et subalterne (illustration fragmentaire de la classique dialectique hégélienne maître-esclave), entre homme et machine. Dans un décor presque édénique, cette intrigue triangulaire va se nouer selon un inexorable crescendo dramatique. A l'exception de quelques furtifs éléments ajoutés en post-production, la réalisation opte pour une efficace sobriété. La prestation de l'Irlandais , du Guatémaltèque  (Inside Llewyn DavisA Most Violent Year) et de la Suédoise 5 (The Danish Girl) se montre à la hauteur des ambitions d'Ex Machina.

N.B. : récompensé par l'un des deux "Prix du jury" 2015 à Gérardmer, le film a été nommé dans cinq catégories (dont l'"Alexander Korda Award" du meilleur film britannique et celle du meilleur scénario original) des 69e BAFTA, oscarisé peu après pour ses effets visuels (succédant au palmarès à Interstellar). Doté d'un budget d'environ 15M$, Ex Machina a connu un joli succès commercial (près de 37M$ de recettes dont plus de 25Ms aux Etats-Unis).
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1. scénariste de 28 Days Later... (2002) et de Sunshine (2007) de  mais aussi et Dredd (2012).
2. segment dans lequel apparaît, entre autres, The Stepford Wives (1975) tiré du roman d' et Artificial Intelligence; AI (2001) fondé sur le court récit de .
3. le frère aîné du cinéaste Kevin Macdonald, producteur notamment du Trainspotting de , associé une nouvelle fois à Allon Reich.
4. dès son adolescence puis peaufiné par l'écrivain, en partie inspiré par la pièce "The Tempest" de William Shakespeare.
5. Gleeson et Vikander avaient déjà été partenaires dans Anna Karenine (2012).  Felicity Jones a été pressentie pour le rôle d'Ava.




mardi 19 avril 2016

Child 44 (enfant 44)

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Dissimulée derrière un casting réputé et apparemment engageant*, cette adaptation du roman éponyme** du Britannique  restera sans doute comme l'un des films les plus assommants qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années. Après un bien superflu flashback introductif situé dans les années 1930-40, le scénario signé par  (The Color of Money, co-auteur de cinq des épisodes de l'excellente série policière The Wire) se perd au milieu de relations individuelles absconses et d'enjeux qui ne le sont pas moins. Et comme cela ne suffisait pas, l'histoire se voit plongée presque incessamment par  (deuxième production anglo-saxonne pour le réalisateur suédois après Safe House en 2012) et son cinématographe Oliver Wood (Bourne Trilogy, remplaçant de Philippe Rousselot pendant le tournage) dans une profonde obscurité formelle. Promu par Ridley Scott aux choix financiers et artistiques décidément de plus en plus inquiétants, tourné en République tchèque au cours du mois de juin 2013, Child 44 (dont le montage est passé de cinq heures trente à plus de deux heures) n'est finalement sorti en salles, sauf en Russie où il a été interdit, que près de deux ans plus tard. L'abandon de son exploitation n'aurait pas été une grande perte pour le cinéma !
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* (Christian Bale a été pressenti pour le rôle avant qu'il ne décline la proposition) et le peu présent à l'écran  (leur quatrième film ensemble) (déjà partenaire des deux acteurs principaux dans le polar Lawless (2012) de ) ou encore Vincent Cassel (choisi en remplacement de Philip Seymour Hoffman).
**paru en 2008, premier volet de la trilogie "Leo Demidov". L'ouvrage transposait librement dans l'U.R.S.S stalinienne des années 1950 les meurtres (quarante-neuf connus) commis entre 1978 et 1990 par le tueur en série Andreï Tchikatilo surnommé "le monstre de Rostov". Effroyable parcours criminel raconté dans le téléfilm hongro-étasunien Citizen X, tiré en 1995 de l'ouvrage de  "The Killer Department" par .




dimanche 17 avril 2016

Jurassic World

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"... That thing out there... that's no dinosaur."

Un divertissement plutôt efficace, surtout si on l'évalue à l'aune des deux premières sequels, assez médiocres (voir article), de la franchise. Même s'il ne fait pas preuve de réelle subtilité ou d'originalité, le scénario écrit* par le duo Rick Jaffa-Amanda Silver (Planet of the Apes) s'avère dans l'ensemble solide, ne présentant ni grosse faille narrative ni inutiles ou dissipantes intrigues secondaires. Produit pour Universal et Amblin** par la paire Frank Marshall et Patrick Crowley (promoteurs ensemble de la trilogie Jason Bourne)Jurassic World bénéficie aussi d'un casting séduisant constitué de la délicieuse et talentueuse  aux côtés de  (Guardians of the Galaxy) dans les rôles principaux ; têtes d'affiche auxquelles , , l'Indien  (Life of Pi) ou encore le Français "hollywoodisé"  apportent un soutien relativement plaisant. Présenté en première à Paris en mai dernier, le film a connu un net succès commercial (1,67 Md$ dont 650M$ aux Etats-Unis pour un budget de 150M$), ouvrant la voie d'une seconde trilogie dont le deuxième volet a été programmé pour 2018.

N.B. : pour mémoire, Jurassic Park (épisode initial tiré du roman de Michael Crichton qui avait attiré le plus de spectateurs) avait enregistré des recettes d'un peu plus d'un milliard de dollars (400M$ sur le territoire national) pour un budget d'environ 63M$.
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*avec la participation de Derek Connollyrécompensé à Sundance en 2012 pour son script de la comédie dramatique Safety Not Guaranteed, premier long métrage de fiction pour le cinéma réalisé par .
**avec le parrainage conceptuel et "exécutif" de Steven Spielberg (en collaboration avec Mark Protosevich).


jeudi 31 mars 2016

Magical Girl (la niña de fuego)

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"Mujer que llora y padece 
te ofrezco la salvacion
Tu cariño ciego." (in "La Niña de fuego" interprété par le chanteur flamenco Manolo Caracol)

Etrange, volontiers énigmatique, le second long métrage de 1 nous surprend presque sans cesse. L'histoire de quatre destins qui se croisent, se percutent incidemment. Celui de la déroutante Bárbara, jeune écolière devenue l'épouse d'un aisé psychiatre ; celui de Damián, son vieil enseignant de mathématiques au collège. Ceux également d'Alicia, frêle adolescente atteinte d'une leucémie en phase avancée, et de son père Luis, professeur de littérature sans emploi depuis un semestre. Sensible, souvent troublant voire déstabilisant, le scénario original inventé par le cinéaste madrilène explore avec ingéniosité des thématiques fondamentales (amour, finitude, rêve, transgression sous contrainte, rédemption...) à partir de situations dramatiques tout à la fois communes et pleines de fantasmagories.
Produit par un trio Hernándézien2Magical Girl3 illustre à sa façon l'un des paradoxes intrinsèques du peuple et de la société espagnols : leur incessant balancement entre raison et émotion, entre lucidité et égarement. Plus que le récit lui-même ou sa mise en scène, ce sont les personnages centraux, vulnérabilisés et contradictoires, mais aussi les ellipses ménagées par  qui façonnent les principaux attraits de ce drame décalé, insolite. Intéressante interprétation de 4, plusieurs fois récompensée pour sa prestation, notamment par le "Goya" 2015 de la meilleure actrice, de , de  et de la jeune débutante . Présenté en première dans la section "Découverte" lors de la 39e édition du TIFFMagical Girl a succédé à Pelo malo au palmarès du "Concha de oro" du festival de San Sebastian5.
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1. né Carlos López del Rey,  est aussi auteur de bandes dessinées. Son premier long, Diamond Flash (2011), a été produit par financement participatif.
2. Amadeo Hernández BuenoPedro Hernández Santos et Alvaro Portanet Hernández déjà associés pour le second long métrage d' Aquí y allá (2012).
3. terme générique désignant des jeunes filles dotées de pouvoirs dans des séries d'animation japonaises (sentai) diffusées à partir du début des années 1970. Dans le film, Alicia s'identifie au personnage de Yukiko.
4. titulaire du second rôle de Cristina dans La Piel que habito de Pedro Almodóvar (dithyrambique à propos de Magical Girl), remarquée récemment dans El Niño de Daniel Monzón.
5.  y a reçut le "Concha de Plata" du meilleur réalisateur.